S’il y a une chose que l’on n’a jamais dite à Lilian Steiner de toute sa vie, c’est qu’elle est très réceptive au lâcher prise. Lilian Steiner ? Grande psychanalyste américaine établie à Paris dans un beau cabinet, carré à reflets blonds tracé à la règle, bloc de sévérité implacable. Comble du comble, le compliment lui est adressé par une représentante du camp ennemi – une hypnothérapeute. Autant dire un suppôt du charlatanisme, qui vous agite ses bracelets à la figure, vous susurre des fadaises sur le magnétisme et les énergies qui flottent dans la pièce, avant de vous tendre sereinement son terminal de carte bleue. Jamais Lilian ne se serait abaissée à de telles extrémités, si un patient ne l’avait pas larguée grossièrement quelques jours plus tôt, assurant s’être débarrassé en une séance du tabagisme que des années de psychothérapie ont échoué à guérir.
Confier le rôle de Lilian à la cérébrale Jodie Foster, qu’on a souvent vu jouer de cette image de reine des glaces, n’était-ce pas faire du ton sur ton ? Le brillant vient parfois des idées trop évidentes. Et celui de Rebecca Zlotowski est d’être allée chercher l‘actrice américaine pour son premier grand rôle en français (accent indétectable), s’en remettant à la tension qui travaille sa carrière : la froide raison contre l’irrationalité qui guette. La tête à l’épreuve des affects, qu’il faut surveiller comme le lait sur le feu car si on relâche l‘attention… ça déborde.
Depuis un film ou deux, on adore ça, quand le cinéma de