Depuis le lancement des 21 rencontres avec les Lyonnais, censées présenter le bilan de l’action municipale, l’opposition crie à la campagne déguisée et demande le montant de cette opération financée par la municipalité.
Deux semaines après le lancement des rencontres de fin mandat, l’opposition ne relâche pas la pression. Après le chef de file de la droite, Pierre Oliver, qui avait dénoncé un «scandale» lors du conseil municipal, la semaine dernière, c’est l’ancien député macroniste Thomas Rudigoz qui est monté au créneau pour demander des comptes au maire Grégory Doucet. Celui qui a été désigné chef de file du camp présidentiel à Lyon pour les élections de 2026 demande de la transparence aussi sur le montant de cette opération présentée comme une «campagne déguisée» à un an du scrutin municipal.
La volonté affichée du maire écologiste est de se livrer à «un exercice de transparence et de redevabilité» pour présenter aux Lyonnais les actions engagées cinq ans après avoir reçu son mandat. À l’instar de Gautier Chapuis, adjoint à la biodiversité et à l’alimentation, proche du maire, et qui a défendu cette initiative en conseil municipal, les écologistes avancent un chiffre de 91% d’actions concrétisées ou engagées parmi les 583 du plan de mandat. Sur la forme de l’exercice, Gautier Chapuis a défendu « l’exigence de redevabilité et de transparence que nous appliquons (…) C’est notre manière de faire de la politique.»
228.000 euros selon la mairie…
Reste la question du financement. L’entourage du maire avance au Figaro le montant de 228.000 euros, comme elle l’avait indiqué au Progrès. «Ce montant comprend la réalisation et les supports diffusés lors des 21 rencontres en arrondissement qui sont en cours mais aussi la préparation et l’animation des neuf rendez-vous en arrondissement à venir et les divers frais logistiques», assure-t-on de même source. Depuis le début du mois, de nombreuses réunions sont organisées dans le cadre de cette opération baptisée «Le chemin parcouru» dans les neuf arrondissements de Lyon. Des élus placés entre kakémonos et barnums distribuent des tracts pour présenter le bilan de l’action municipale.
Cette somme ne prend pas en compte la communication effectuée en amont de ces évènements. Comme le souligne l’opposition, des campagnes d’affichage physique et de communication numérique ont été réalisées pour l’occasion. Une vidéo, vilipendée par Pierre Oliver, met ainsi en scène la maire écologiste du 7e arrondissement avec un commentaire laudatif en voix off. Le tout diffusé sur les réseaux sociaux de la ville de Lyon. Des vidéos dont le coût n’entre donc pas dans les 228.000 euros annoncés selon Thomas Rudigoz.
… Jusqu’à trois fois plus, selon l’opposition
«À l’évidence le chiffre communiqué repose sur un périmètre restreint, qui ne permet pas aux citoyens d’appréhender l’ampleur réelle des moyens mobilisés dans le cadre de cette initiative», attaque le centriste dans un courrier adressé au maire. «Le coût de réalisation, d’impression et de diffusion du numéro spécial du magazine municipal Au fil de Lyon et son supplément consacré à votre opération bilan, qui dépasse habituellement les 200.000 euros par édition», n’est ainsi pas pris en compte. Pas plus que celui des espaces publicitaires (numérique et physique), «achetés pour promouvoir ces réunions» ou de la «série de vidéos et de publicités (…) lancée quelques jours avant ces rencontres publiques et poursuivant le même objectif : valoriser votre action municipale».
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Au total, la facture pourrait monter «jusqu’à 700.000 euros» selon ses estimations. C’est aussi l’avis de Pierre Oliver (LR). Des déclarations fantaisistes, balaie l’entourage du maire, agacé par la polémique. Et de renvoyer vers les initiatives du même acabit prises par Gérard Collomb lors des mandats précédents, ou par Laurent Wauquiez du côté de la région. «Du “foutage de gueule”, grince Thomas Rudigoz auprès du Figaro. Ils ont passé leur temps à donner des leçons en expliquant faire de la politique autrement, de l’exemplarité morale, de la démocratie participative mais ils utilisent toutes les vieilles ficelles pour contourner la nouvelle loi électorale».
Afin de favoriser l’équité entre les exécutifs sortants et leurs concurrents, la législation a évolué pour le scrutin de 2026, durcissant les règles en matière de communication dans les six derniers mois de campagne, soit dès la rentrée de septembre. Le plafond de remboursement des frais de campagne est quant à lui limité à 500.000 euros à Lyon.