Lors du salon Computex, qui se déroule à Taïwan, Jensen Huang -CEO de Nvidia- a regretté les effets des restrictions américaines à l’exportation de semi-conducteurs vers la Chine. Selon lui, loin d’entraver l’essor technologique de cette dernière, ces mesures auraient au contraire favorisé l’émergence de concurrents chinois plus résilients et plus déterminés.

Jensen Huang Nvidia

Un constat d’échec

Les entreprises locales sont très très talentueuses et très déterminées, et le contrôle des exportations leur a donné l’état d’esprit, l’énergie et le soutien du gouvernement pour accélérer leur développement ../.. Je pense que, dans l’ensemble, le contrôle des exportations a été un échec.

Mais il n’est pas question que de Donald Trump, bien loin de là. En effet, depuis 2021, sous la présidence de Joe Biden, Washington a multiplié les restrictions sur les ventes de puces avancées à la Chine, notamment celles destinées aux domaines stratégiques de l’intelligence artificielle et du calcul haute performance. L’objectif : freiner les capacités technologiques de Pékin dans des secteurs jugés critiques pour la sécurité nationale.

Pour le patron de Nvidia, les USA se sont plantés avec les puces

Mais ces restrictions n’ont pas du tout empêché la Chine de renforcer ses efforts d’autonomie technologique. Des entreprises comme Huawei ou SMIC ont ainsi progressé de manière significative dans le développement de solutions locales, parfois en contournant certaines mesures (par exemple, Deepseek et son énorme labo qui utiliserait près de 50 000 GPU Nvidia…).

L’ironie de l’histoire veut donc que l’administration Trump, tout juste installée à la Maison-Blanche, a annulé à la dernière minute une série de mesures supplémentaires tout juste annoncées juste avant le départ de Joe Biden. Censées entrer en vigueur le 15 mai 2025, ces règles prévoyaient de nouveaux durcissements sur les exportations de puces vers la Chine. Elles ont été remplacées par de simples recommandations du département américain du Commerce, mettant en garde contre les usages militaires ou stratégiques de ces technologies par Pékin.

Un débat stratégique relancé

En retour, les autorités chinoises ont promis mercredi des mesures fermes dénonçant une forme d’intimidation économique, dans un climat de tensions géopolitiques déjà bien chargé. Aussi l’intervention de Jensen Huang, lui-même Taïwanais d’origine, est d’autant plus symbolique qu’elle intervient sur un territoire stratégique pour l’industrie mondiale des semi-conducteurs.

Si Nvidia est aujourd’hui leader incontesté des puces pour l’intelligence artificielle, l’entreprise reste dépendante d’un écosystème mondialisé, où la Chine représente à la fois un partenaire, un marché et un concurrent. Et ce, comme beaucoup d’autres entreprises.