Des loges pleines sur le court Suzanne-Lenglen à l’heure de l’apéro alors que l’appel du ventre se fait pressant ? Non, vous ne rêvez pas. Bienvenue aux qualifications de Roland-Garros. Plutôt sacrifier cette fade salade à 12 euros plutôt que de rater le deuxième set de Mathys Erhard face à Alexander Shevchenko. Un Ukrainien qui s’est permis, ô crime de lèse-majesté, de chambrer le public qui poussait fort derrière le Français. Le retour de flamme n’a pas attendu : huées et cris encore plus forts pour soutenir le Tricolore.

Pour la première fois de son histoire, le stade de 10.000 places a été ouvert pour les qualifications de Roland-Garros, qui ont commencé lundi. Et la réussite est totale. « C’est super de pouvoir jouer les qualifs dans ces conditions-là, sur un grand court, avec beaucoup de monde, a reconnu Fiona Ferro, éliminée au deuxième tour des qualifs mercredi. Ce n’est pas forcément des conditions en qualifs que l’on retrouve sur les autres Grand Chelem. »

La France étant très forte pour crier sur le toit du monde que la France est la meilleure, on s’est quand même demandé s’il n’y avait pas du patriotisme poussé à outrance pour vendre des matchs où le 1.000e mondial affronte le 200e à 10 heures du matin sous des nuages menaçants en pleine semaine. Eh bien non, détrompez-vous.

« J’avais l’impression d’être dans le tableau principal »

Vainqueure de l’US Open en 2019 mais retombée au-delà de la 100e place, Bianca Andreescu est une habituée des plus grands courts du monde. Et, elle aussi, a été marquée par l’ambiance à Roland-Garros lors de cette semaine de qualifs, malgré une défaite dès le deuxième tour qui l’a laissée en pleurs dans les vestiaires pendant de longues minutes : « L’atmosphère était super, j’avais vraiment l’impression d’être dans le tableau principal et pas nécessairement sur les qualifs. »

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Alors, comment cette « opening week », comme l’a sobrement baptisée l’organisation pour vendre un concept alléchant, s’est muée en première vraie semaine de Roland-Garros ? Par le prix, déjà. Avec des places à partir de 15 euros pour les plus jeunes et 29 euros pour tous, les billets étaient plus abordables que pour le tour principal, avec en plus quelques animations dans les allées de Roland, avec stand de tatouage (éphémère, évidemment), photobooth avec les joueurs, jongleurs, fanfare, exposition des trophées…

Tout est fait pour que les spectateurs soient comme des coqs en pâte. Et ils le rendent bien, puisque la majorité des spectateurs arrive toute guillerette dès le début des premiers matchs à 10 heures. « Ça fait tellement plaisir de voir qu’il y a du monde qui vient même le matin, racontait la jeune Cindy Langlais (15 ans), après son élimination au premier tour des qualifs. C’est un petit peu devenu le vrai tournoi, il y a quelques années il n’y avait pas autant de monde. Il y a du monde qui prend plaisir en fait, qui aime et regarde le tennis et qui sont là pour nous soutenir. »

« C’est un public différent »

Il y a certes quelques rencontres, comme ce Seidel/Udvardy mercredi matin disputé devant 23 personnes (on les a comptées), qui se sont jouées devant une audience moindre, mais la majorité des matchs se disputent dans des tribunes très bien remplies. Notamment lorsqu’il y a des joueurs français, qui bénéficient de l’appui bruyant de plusieurs membres de la Tribune Bleue, qui rivalisent d’ingéniosité pour trouver des chants bien originaux, comme cette reprise de « Fort Boyard » pour soutenir Moïse Kouamé, qui a surpris l’intéressé.

« « Mais ce n’est pas que pour les Français, nous indique l’Argentin Thiago Agustin Tirante, qualifié pour le troisième tour des qualifs. Le public français est très bruyant lors de ces qualifs, je le comparerais à un Masters 1000 de Rome, où ils sont aussi très démonstratifs. » »

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Tous les joueurs interrogés soulignent aussi le fait que les spectateurs présents dans les tribunes soient des connaisseurs de la petite balle jaune. « Je pense que les qualifs, c’est un public un peu différent, très passionné de tennis, qui vient soutenir les Français. Alors que lors du tableau final, quand tu vas voir des grands joueurs, c’est juste pour les admirer. » Et, l’avantage de la semaine des qualifs, c’est qu’on peut venir aussi jeter un œil à l’entraînement des meilleurs joueurs du monde sur le Chatrier. Le tout à l’abri de la pluie qui a empêché le bon déroulement des matchs ce mercredi. Là aussi, on se croirait sur le tableau principal.