Par
Mathieu Janvier
Publié le
21 mai 2025 à 18h32
Dans le cadre de l’exposition Animaux Art Déco au musée Blanche Hoschedé-Monet, dont l’inauguration s’est déroulée le samedi 17 mai trois sculptures réalisées par l’artiste français Richard Orlinski ont pris possession de certaines rues de Vernon, et suscitent des avis mitigés.
Jusqu’au 30 septembre, panthère bleue, ours polaire blanc et crocodile rouge ont respectivement pris place sur le parvis de l’hôtel de Ville, la place de Paris et les berges de la Seine près des arches du vieux pont.
Et ce, dans un objectif simple, comme l’explique Nicole Balmary, maire adjointe en charge de la culture et du patrimoine : « L’idée c’était de partager en extérieur des œuvres d’art pour que le public qui n’est pas familier avec les musées puisse avoir cette chance de pouvoir regarder gratuitement, en passant, et bénéficier de tout ce qu’apporte une œuvre d’art ».
Sensibiliser et interroger
Les œuvres, qui sont un clin d’œil à l’exposition du musée, ont été mises en dépôt et installées par les équipes de l’artiste, après concertation avec la municipalité.
« Orlinski est un des artistes français les plus vendus à l’international, c’est une chance exceptionnelle de pouvoir montrer son travail dans une ville de 25 000 habitants », reprend l’adjointe.
Les sculptures représentent des sujets animaux, offrant ainsi une accessibilité à toutes les formes de public tout en s’imposant comme un biais de sensibilisation à la préservation des espèces menacées.
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« Cela permet d’engager ce dialogue, ce rapport au questionnement qui m’est très cher pour qu’on devienne plus conscient de tout un tas de réalités. Cela va du geste du sculpteur, à la matière, à la vie, à la place de l’animal dans son environnement », précise Nicole Balmary.
Une esthétique controversée
Bien sûr, les élus restent conscients que les œuvres de l’artiste néo pop ne font pas l’unanimité au sein de la population. Le maire, François Ouzilleau, s’en amuse d’ailleurs : « Ces œuvres font beaucoup parler et écrire, en bien en mal, mais j’aime bien quand on parle de Vernon ».
Sur les réseaux, les détracteurs s’en donnent à cœur joie. « Il y avait d’autres dépenses à faire plus intelligentes que ça ! Quel est le montant de cette idée farfelue ? » demande Annie sur Facebook.
« L’idée farfelue », pour reprendre ses termes, aura coûté 30 000 euros à la municipalité, répartis entre les coûts d’assurance, de transport, d’installation, etc.
Plus laconique, Marie-Claire surenchérit d’un simple « moches », tandis qu’un autre internaute s’inquiète de savoir si le crocodile va faire fuir les canards des quais de Vernonnet…
Interrogée sur la dissension, l’adjointe à la culture déclare que « chacun est libre de son ressenti. Qu’il soit positif ou négatif, il faut que cette personne se pose la question du pourquoi : pourquoi cette sculpture ne paraît pas pertinente dans son environnement, pour essayer de s’ouvrir à d’autres questionnements ».
Une réflexion sur l’art, en somme : « que cela plaise ou non, c’est vraiment essentiel que les gens se posent la question de savoir pourquoi ça ne leur plaît pas, et de s’ouvrir à d’autres regards, d’autres points de vue », reprend Nicole Balmary.
Selon ses propres mots, l’artiste Richard Orlinski entend que ses sculptures « expriment la puissance et la passion ». Un pari qui semble réussi au vu des réactions.
Quant aux canards de Vernonnet, il semblerait qu’ils ne s’en portent pas plus mal…
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