Le texte doit notamment permettre au président américain d’étendre par exemple l’extension des crédits d’impôt de son premier mandat. Les prolonger pourrait accroître le déficit de l’État fédéral de 2000 milliards à 4000 milliards de dollars sur la prochaine décennie.
La Chambre des représentants vote jeudi 22 mai 2025 le mégaprojet projet de loi budgétaire voulu par Donald Trump. Les républicains américains vont tenter d’adopter le texte, malgré les différends qui agitent la majorité présidentielle.
Le chef de la chambre basse du Congrès, l’élu républicain Mike Johnson, pousse pour adopter dès que possible cette «grande et belle loi», comme Donald Trump l’a baptisée. Il a prévu un vote à 4h30 heure locale, en pleine nuit à Washington. «L’échec n’est tout simplement pas une option», avait averti le «speaker» mardi, qui souhaite offrir rapidement une victoire législative de prestige au locataire de la Maison-Blanche.
Inquiétude d’élus conservateurs
Le texte doit en effet permettre à Donald Trump de concrétiser certaines promesses phares de sa campagne, en premier lieu l’extension des gigantesques crédits d’impôt de son premier mandat. Ceux-ci arrivent à expiration à la fin de l’année, et les prolonger pourrait accroître le déficit de l’État fédéral de 2000 milliards à 4.000 milliards de dollars sur la prochaine décennie,selon différents analystes indépendants.
Devant ce chiffre, plusieurs élus très conservateurs partisans d’une réduction de la dette publique font part de leur inquiétude, et poussent pour obtenir des concessions. «Mon inquiétude à propos du déficit et de la dette est énorme», a déclaré à la chaîne CNN l’élu texan Keith Self, dénonçant un texte qui «nous ferait passer de 36.000 milliards de dollars de dette à 56.000 milliards au minimum en 10 ans».
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Suppression de l’impôt sur les pourboires
Ces élus ne sont pas les seuls inquiets. Le rendement à 10 ans des bons du Trésor américain a atteint ce mercredi son plus haut niveau depuis février, sur fond de craintes des investisseurs d’un creusement trop important du déficit fédéral. Car outre les «crédits d’impôt Trump», le projet de loi prévoit aussi de supprimer l’imposition sur les pourboires, une promesse de campagne du républicain dans un pays où de nombreux travailleurs dépendent de ceux-ci comme principale source de revenu.
Face au rejet en bloc chez les démocrates, et avec seulement une majorité de sept sièges à la Chambre des représentants, Donald Trump et Mike Johnson sont conscients qu’ils ne peuvent pas se permettre davantage qu’une poignée de «non» dans leur propre camp. À un an et demi des élections de mi-mandat, les élus de droite réticents s’inquiètent du risque de coupes trop importantes dans certaines dépenses publiques pour compenser en partie le creusement du déficit.
Au premier rang se trouve Medicaid, l’assurance santé dont dépendent plus de 70 millions d’Américains aux revenus modestes. Selon l’analyse du CBO, une agence parlementaire non-partisane, les coupes actuellement prévues dans ce programme public menacent de priver d’assurance santé plus de 7,6 millions de personnes d’ici 2034. Le plus grand programme public d’aide alimentaire, Snap, serait aussi sévèrement touché. Le CBO prédit ainsi que le projet de loi augmenterait les revenus chez les 10% des ménages les plus riches, tandis que les 10% des ménages les plus pauvres verraient leurs revenus baisser.
Si le mégaprojet de loi parvient à passer l’obstacle de la Chambre des représentants jeudi matin, il devra encore franchir celui du Sénat. Les sénateurs républicains ont déjà signalé leur volonté de remanier le texte de fond en comble, avec le risque de voir le programme législatif de Donald Trump retardé de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois.