Par
Rédaction Lyon
Publié le
22 mai 2025 à 11h04
; mis à jour le 22 mai 2025 à 11h09
Le plus grand parking vélo de France et 17 nouveaux km de pistes cyclables inaugurés ces derniers jours : à un an des municipales 2026, les élus écologistes de la métropole de Lyon appuient sur la pédale, au risque de crisper les automobilistes.
Depuis le parvis de la gare Part-Dieu, une rampe hélicoïdale mène à un parking à deux niveaux, sécurisé par des portiques et des caméras de vidéosurveillance. Mais ici pas de voiture : les 1 500 places sont réservées au deux-roues, sous toutes ses formes.
Des « records vélos » en mars et avril
Lyon est l’une des villes pionnières pour le développement du vélo : en 2005, elle fut la première à lancer une offre en libre-service (98 000 abonnés Vélo’V aujourd’hui) sous l’impulsion de l’ancien maire et président de la métropole Gérard Collomb.
Mais la tendance s’est accélérée avec le mandat des écologistes, élus en 2020. « Bon pour la santé, rapide, pas polluant, et bon marché », vante Bruno Bernard, le président de la métropole. Leur grand projet de « Voies lyonnaises », 13 « autoroutes » à vélos pour un réseau de 350 km sur 49 communes d’ici 2030, avance : 180 à 200 km seront finalisés avant la fin du mandat, promet-il.
Et les Lyonnais s’en servent : aux mois de mars et avril, les « records vélos » se sont enchaînés, selon la collectivité, avec jusqu’à 21 000 cyclistes enregistrés en une journée sur la grande piste des quais du Rhône. Les piétons y ont aussi trouvé leur compte, explique Pierre Rauzada, président d’une association rhodanienne qui défend leurs droits. « Plus (les cyclistes) seront sur la chaussée, moins ils seront sur le trottoir. »
Vidéos : en ce moment sur Actu« Détours et bouchons »
Mais les automobilistes ne l’entendent pas toujours ainsi : réduction des voies et de stationnements pour les voitures, travaux synonymes d’embouteillages ont suscité des manifestations dans l’ouest lyonnais récemment. Pour Mélodie Cros Ferreol, co-présidente de l’association La Ville à vélo, la situation s’apaise au fur et à mesure que les projets se développent, même si pour certains élus le vélo est devenu un « symbole » d’opposition aux écologistes.
L’ancien patron de l’OL Jean-Michel Aulas, qui envisage de se porter candidat à la mairie, ne manque pas depuis plusieurs semaines de critiquer sur les réseaux sociaux les réaménagements et travaux lancés par les Verts. « Faire des pistes cyclables, c’est aujourd’hui une politique urbaine logique », admet le maire LR du 2e arrondissement de Lyon, Pierre Oliver, qui brigue aussi la mairie.
La difficulté consiste, selon lui, à trouver le bon équilibre. « Il y a des gens qui peuvent se passer de la voiture et il y en a d’autres qui n’ont pas le choix », souligne cet usager de trottinette. Avec deux collines à Lyon, « ce n’est pas aussi simple que dans d’autres villes qui sont peut-être plus plates, comme Amsterdam ».
Pierre Oliver reproche aux décideurs actuels d’avoir « vraiment opposé le vélo et les autres transports ». « Ça impose des détours, ça génère des bouchons supplémentaires, ça décourage les gens de venir à Lyon. C’est problématique. »
« Un point parmi d’autres »
De son côté Bruno Bernard rappelle que l’objectif initial de la mandature écologiste était « d’investir massivement sur les transports en commun » et d’arrêter un projet de voies autoroutières enterrées autour de Lyon. Le vélo ? « Un point parmi d’autres », dit-il : « dans le mandat en cours, il faut rappeler qu’il y a 2,5 milliards d’euros pour les transports en commun, et que pour notre projet des Voies lyonnaises on va mettre 200 millions ».
Il vante un rééquilibrage des mobilités, avec pour preuve « 28 % d’abonnés gagnés dans les transports en commun, 60 % de plus de vélos, et 12 % de moins de voitures ». Et pour conséquence une baisse de la pollution de l’air et de l’accidentologie routière… Quant à la baisse de l’utilisation de la voiture, elle permet de fluidifier la circulation même sur des voies réduites, argue Bruno Bernard.
Pierre Rauzada de son côté appelle à ce que les cyclistes ne se croient pas tout permis. « La mandature leur a fait plaisir, et donc ils se laissent aller », regrette-t-il, appelant à « un recadrage des cyclistes inciviques ». Et aux villes d’avoir désormais « du courage politique » pour mettre l’accent sur la verbalisation des contrevenants, demande-t-il.
Avec AFP
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