Ils sont huit à « payer les pots cassés », affirment-ils. Alors que le préfet des Bouches-du-Rhône, Georges-François Leclerc, a pris un second arrêté qui impose aux épiciers de nuit du centre-ville de Marseille de fermer entre 22h et 6h jusqu’au 30 juin prochain, ces derniers contestent la décision.
« Malgré le fait que nous ayons respecté le premier arrêté (qui prévoyait la fermeture des épiceries de nuit du 21 mars au 21 avril, Ndlr), la préfecture a prolongé sa mesure du jour au lendemain. Nous le regrettons, car le constat est le même aujourd’hui : des épiciers qui n’ont rien à se reprocher perdent leur travail, et c’est inacceptable », déclarent une petite dizaine d’épiciers à la sortie de l’audience.
En cause, l’échelle de proportionnalité de l’arrêté. Plutôt que d’ordonner des fermetures au cas par cas comme c’est l’usage en cas de troubles à l’ordre public, la préfecture a défini un secteur (les places et grands axes des 1er, 2e, 3e, 4e, 5e, 6e et 7e arrondissements) où il devient interdit de commercer de nuit, alors que les boîtes de nuit et les bars ne sont, eux, pas visés par l’arrêté.
Montrer une perte de revenus pour faire annuler l’arrêté
En tant que conseil juridique des épiciers, Me Shirley Leturcq joue la carte de la perte de chiffre d’affaires : « Nous produisons des attestations d’expert-comptable, des relevés de compte et des tickets de caisse pour montrer que l’arrêté pénalise injustement les épiciers visés par l’arrêté », expose l’avocate, tandis que les épiciers qui ne sont pas dans le périmètre d’application de l’arrêté ont loisir de poursuivre leur activité. « Avec cette interdiction globale pour un secteur donné, la préfecture jette le bébé avec l’eau du bain », critique-t-elle.
De son côté, la préfecture justifie son nouvel arrêté par le fait que « l’arsenal juridique à sa disposition est trop faible » et que privilégier, comme le souhaitent les épiciers, « des fermetures au cas par cas, ne favorisent pas les comportements irréprochables. Le taux de non-respect du premier arrêté montre que la situation est trop fragile », a déclaré le directeur de cabinet à la préfecture de police, Rémi Bourdu.
À noter que le périmètre du nouvel arrêté a été étendu à la partie ouest du 3e, où « un trafic de stupéfiants » lié à une épicerie a été démantelé et « des coups de feu » ont été tirés dans une autre, assure la préfecture de police. « Les épiceries de nuit sont un refuge pour les trafics, une planque pour les stups », a asséné Rémi Bourdu tandis que sur 16 verbalisations de commerces de nuit durant le délai d’application du premier arrêté, 9 ont visé des commerces situés dans le 3e arrondissement.
La décision du juge des référés est attendue début de semaine prochaine.