Des vestes rouges vont bientôt déferler dans la nuit niçoise.

Ce vendredi 23 mai, l’une des plus grandes vagues de solidarité jamais insufflée par la Croix-Rouge française va mobiliser bénévoles, secouristes, bikers, entreprises partenaires… soit plus d’une centaine de maraudeurs. En pleine préparation, la tête dans les tableaux Excel, Arnaud Falguerolles, coordinateur de l’antenne départementale, présente la soirée exceptionnelle.

Quels sont les objectifs de cette soirée?

Il y en a trois. Le premier, c’est de recenser, de localiser. Comme ça, dans un second temps, avec les maraudes quotidiennes, on saura combien de personnes on devra aider et dans quel secteur on pourra les trouver. Le deuxième but, c’est de leur présenter un questionnaire flash. Sept questions pour savoir qui ils sont, quels sont leurs besoins, où ils en sont de leur accompagnement social. Ça nous aidera à mieux les orienter vers des associations ou le CCAS (1). On leur donnera aussi les bonnes adresses et les endroits où trouver des fontaines. Troisième et dernière mission: montrer aux bénéficiaires qu’on est massivement mobilisés pour eux. Ils existent et on ne les oublie pas.

Dans quel contexte s’inscrit cette opération? Quelle est la situation des plus précaires à Nice?

S’il y a un bon maillage associatif et que le CCAS est bien plus mobilisé que dans d’autres villes (l’adjointe au maire déléguée aux Solidarités, Jennifer Salles, et la directrice seront notamment présentes), la misère gagne du terrain. Il y a de plus en plus de personnes à la rue. Du 1er janvier au 31 mars 2025, nous avons enregistré 920 signalements, soit 40% en plus par rapport à l’an dernier. On a aussi effectué 2.453 rencontres. Ce sont de tristes records.

Vous vous attendez à recenser combien de personnes?

On devrait atteindre les 500 personnes. C’est malheureusement un chiffre qui gonfle années après années.

Travaillant avec le Samu social, vous intervenez principalement sur appel du 115. Cette opération va donc élargir votre champ d’intervention?

On va couvrir une trentaine de secteurs, de l’Ariane à Magnan, en poursuivant nos nouvelles actions sur l’aéroport et les lignes de tramway. Ça va nous permettre d’aller à la rencontre d’un public qui n’appelle pas forcément le 115, qui est parfois plus à la marge du centre-ville comme de la société elle-même. On s’attend à rencontrer des personnes très précaires. Des secouristes seront d’ailleurs là en renfort. Au besoin, ils appelleront une ambulance.

Comment garantir que ces personnes répondent au questionnaire?

Rien n’est garanti, rien n’est obligatoire. Mais je peux compter sur une équipe de bénévoles et de salariés qui ont cultivé un lien de confiance pendant des mois voir des années avec l’ensemble des bénéficiaires. Il y aura aussi des premières rencontres. Il faudra alors montrer patte blanche et laisser un bon souvenir.

Sur le terrain, vous serez accompagné par Dune, une entreprise niçoise qui testera son logiciel. À quoi sert-il?

Pour entretenir une relation durable avec les bénéficiaires, on doit savoir où ils en sont dans leurs démarches sociales, comment ils se portent psychologiquement, physiquement. Ce suivi est facilité par cette entreprise, depuis trois ans. Pour arrêter de tout noter sur du papier, ils nous ont mis au point une application qui enregistre tout sur une base de données.

Des bikers vont vous accompagner. Quel sera leur rôle?

Transporter les bénévoles et redonner le sourire. Tous les semestres, les Widows Sons (Fils de la veuve), un club de motards, provoquent un effet ‘‘waouh’’ quand ils arrivent sur leurs grosses cylindrées.

Est-ce que cette opération est amenée à se reproduire?

Bouclons déjà cette grande première. Mais sur le principe, je suis partant. Parce qu’il y a une nécessité de plus en plus criante.

1. Centre communal d’action sociale.