Ce sont des Bleus traumatisés qu’a repris Hervé Faget à son arrivée au poste d’entraîneur national, en décembre dernier. « Il y avait de la dépression pour certains, il y en a d’autres qui manquaient de confiance en eux et d’autres qui ne croyaient plus à leur jeu », détaille celui qui était auparavant à la tête du collectif féminin.
Depuis son arrivée, les épéistes tentent de retrouver leur niveau d’antan. Ils auront l’occasion de le prouver ce week-end lors du challenge Monal à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), où les meilleurs tireurs de la planète vont s’affronter lors de cette unique étape de la Coupe du monde en France.
À l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) cette semaine, les mines étaient souriantes, détendues. Alexandre Bardenet, qui a dénoncé publiquement sa non-sélection aux Jeux et qui était en guerre ouverte avec le précédent entraîneur, Hugues Obry, confie : « Je suis très content de revenir ici. Ça fait du bien d’évoluer à nouveau dans un cadre qui est sain. Je n’ai plus cette boule au fond de l’estomac à chaque fois que je passe le seuil de la porte de cette grande institution ».
Le chemin a été long pour retrouver cette sérénité. Hervé Faget a commencé son mandat par discuter avec chaque athlète. 28 entretiens en 3 semaines « pour savoir ce qui s’était passé, mais surtout dans quelle direction aller ». L’ancien entraîneur de Laura Flessel et son adjoint Robin Rieu bousculent les méthodes, en faisant par exemple intervenir un psychologue du sport, Alexis Ruffault, qui « aide beaucoup sur le travail de groupe et du collectif ». Et le technicien innove en filmant toutes les séances d’assauts dans la salle d’armes de l’INSEP, que les athlètes comme le staff peuvent visionner. « ll n’y a rien qui est caché », précise-t-il.
Faget le sait : si le groupe se ressoude, le chemin pour revenir au plus haut niveau « va être long ». « Mais on est déjà surpris des résultats qu’on a obtenu récemment », poursuit l’entraîneur. La médaille de bronze obtenue lors de la dernière manche de Coupe du monde à Bogota par Luidgi Midelton (26 ans) est donc de bon augure pour un collectif en convalescence. « Il y a 2 ans, une 3e place c’était ridicule. Aujourd’hui, on en est là. On est en retard sur beaucoup de nations », regrette toutefois l’homme qui a également entraîné la sélection suisse pendant 8 ans.
À Saint-Maur, Midelton compte bien marquer les esprits. L’actuel n°1 français au classement FIE et 17e mondial affirme qu’il va « tout mettre en œuvre pour aller chercher un podium, voire une victoire au Monal ».
Des ambitions à la hauteur de l’enjeu puisque cette manche constitue la dernière épreuve qualificative pour les prochains championnats d’Europe (du 14 au 19 juin) – où Midelton tentera de défendre sa couronne – et du monde (du 20 au 30 juillet).