La Réserve fédérale reste à l’abri des pressions politiques. Dans une décision très attendue rendue cette nuit, la Cour suprême des États-Unis a réaffirmé l’indépendance des dirigeants de la Fed, en excluant explicitement l’institution monétaire du champ des officiels que le président américain peut révoquer sans motif.

La haute juridiction, dominée par une majorité conservatrice, a autorisé provisoirement le président Donald Trump à limoger deux hauts responsables d’agences fédérales sans justifier d’une faute, l’un au sein du National Labor Relations Board (NLRB), l’autre au Merit Systems Protection Board (MSPB). Mais la Cour suprême a clairement posé une limite : les gouverneurs de la Réserve fédérale ne sont pas concernés par cette souplesse, malgré des statuts de nomination comparables.

Cette distinction intervient alors que Donald Trump ne cache plus son hostilité à l’égard de Jerome Powell, président de la Fed, qu’il avait lui-même nommé en 2018. Ces derniers mois, le locataire de la Maison-Blanche a multiplié les attaques publiques contre la politique monétaire menée sous Powell, allant jusqu’à évoquer son remplacement.

« Entité quasi privée »

Les magistrats ont rejeté l’argument des institutions plaignantes selon lequel l’autorisation de licenciements sans motif créerait un précédent menaçant l’indépendance de la banque centrale. « La Réserve fédérale est une entité quasi privée, dotée d’une structure historique unique », écrit la Cour, invoquant l’héritage des deux premières banques centrales américaines.

En affirmant que l’indépendance de la Fed ne saurait être remise en cause par le pouvoir exécutif, la Cour rassure les marchés. Elle réaffirme aussi un principe fondamental de la gouvernance économique américaine : la politique monétaire doit rester hors de portée des intérêts politiques immédiats.