La Chambre de commerce et d’industrie (CCI) d’Ille-et-Vilaine veut rempiler à la tête des aéroports de Rennes et Dinard. « Nous voulons conserver la gestion et l’exploitation de ces équipements. Nous pensons que cela peut être le rôle d’une CCI », annonce le directeur général de l’institution consulaire, Vincent Bobot. La CCI connaît bien son sujet. En place depuis de nombreuses années, elle a conservé la concession des aéroports bretilliens lors de la remise en concurrence de 2010, pour laquelle elle s’est associée à un géant de secteur, Vinci Airports, filiale du groupe Vinci. Tous deux sont réunis dans une entité juridique créée pour l’occasion : la Société d’exploitation des aéroports de Rennes et Dinard (SEARD), détenue à 51 % par la CCI et à 49 % par Vinci.

Entrée en vigueur le 1er mars 2010, la concession actuelle, qui a été rallongée de deux ans, est remise en jeu à partir du 1er janvier 2027. Pour ce faire, un appel d’offres a été lancé mi-2024 par la Région Bretagne, propriétaire des deux aéroports, avec une date limite de dépôt des dossiers fixée au 31 juillet 2025. Celui porté par la CCI 35, qui fera face à plusieurs autres concurrents, est en cours de rédaction. « Nous sommes en train de répondre », confirme son directeur général.

Sealar dans la boucle

Pour sa candidature, la Chambre a décidé de prolonger son association avec Vinci, tout en se rapprochant de Sealar, un autre gestionnaire de structures aéroportuaires, pour certaines prestations. « C’est une force pour nous. Nous sommes ravis », confie Vincent Bobot. Contacté, Vinci indique que l’appel d’offres étant en cours, il ne peut « ni confirmer ni infirmer officiellement » ces informations. Idem pour Sealar, qui ne communique pas pendant les appels d’offres.

Détenu majoritairement par la CCI Aix-Marseille (avec également la CCI Finistère et le cabinet d’ingénierie TPFi), Sealar est spécialisé dans la gestion d’aéroports régionaux. Moins tentaculaire que Vinci, qui opère plus de 70 aéroports dans le monde, l’entreprise pilote les plateformes de Vannes, Morlaix (29), Poitiers et Le Havre (76), et a décroché en octobre 2024 les concessions des aéroports de Caen, Deauville (14) et Rouen. Sealar est dirigée, depuis début 2024, par Fanny Charles, qui connaît bien les aéroports de Rennes et Dinard pour y avoir officié pendant dix ans (2012-2022).

Désignation du concessionnaire en avril 2026

Si le dépôt des offres est fixé fin juillet 2026, le nom du ou des nouveaux pilotes des aéroports bretilliens ne sera pas connu tout de suite. Selon la Région, « le choix du futur attributaire de la concession devrait être fait en avril 2026 ». Nul doute que le gestionnaire choisi sera celui qui fournira le plus de garanties quant à sa capacité à relancer l’aéroport rennais, qui n’a pas réussi à retrouver son niveau de fréquentation d’avant-Covid (512 000 passages en 2024, soit 40 % de moins qu’en 2019). En cause : l’ouverture de la ligne à grande vitesse entre Paris et Rennes, en 2018, la tempête du covid, l’arrêt du projet Notre-Dame-des-Landes, qui a rebattu les cartes aéroportuaires dans l’Ouest, et la décision de plusieurs compagnies (dont Air France) de fermer des lignes.

Depuis quelques mois, les chiffres sont toutefois repartis à la hausse, aidés par de nouvelles lignes (Montpellier, notamment) et le renforcement des dessertes d’Amsterdam et Londres. Au premier trimestre 2025, la fréquentation a ainsi augmenté de près de 7 %. Sans compter que le fret continue de bien se porter, tout comme l’aéroport de Dinard.

« Remettre la flamme »

Pour la CCI 35, l’enjeu, à Rennes, est donc de « remettre la flamme » et de « se rendre de nouveau attractif pour les compagnies aériennes », selon les mots de Vincent Bobot, qui insiste sur la nécessité de « travailler des logiques de complémentarité ». Avec l’aéroport de Nantes, par exemple, afin de le désaturer ? « Avec Nantes, Brest ou Caen », répond le dirigeant. « L’idée, c’est de dire qu’on n’est pas forcément dans une logique uniquement renno-rennaise. » Reste à voir si les autres aéroports voient les choses du même œil. Notamment celui de Nantes, actuellement opéré par Vinci et pour lequel un nouveau concessionnaire doit être désigné courant 2026.