C’est pour une version concert d’Il trovatore qu’elle revient sur le devant de la scène. La Netrebko y donnera la réplique à Marie-Nicole Lemieux en Azucena et Yusif Eyvazov en Mancuro.
En avril 2022, bravant la polémique, il avait été le premier à lui offrir l’opportunité de revenir sur le devant de la scène européenne… Lui proposant de remplacer Maria Agresta, souffrante, dans Manon Lescaut à Monte-Carlo. La soprano russe, mise au ban des scènes occidentales après l’invasion de l’Ukraine, venait alors de prendre ses distances avec le régime de Vladimir Poutine, condamnant la guerre en Ukraine par voie de communiqué. « On l’avait sentie tellement heureuse de pouvoir chanter de nouveau ! Refaire enfin ce pour quoi elle est née : transmettre son art. Son amour du chant, de la musique et de l’incarnation », se souvient Jean-Louis Grinda.
Depuis, la chanteuse phénomène regagne progressivement la place qu’elle mérite sur les grandes scènes de ce monde. De l’Opéra de Paris, qui la fit revenir dans La Force du destin dès la fin 2022, à Covent Garden, qui l’accueillera la saison prochaine en Tosca – dont elle est incontestablement devenue ces dernières années l’une des premières grandes références en ce XXIe siècle. Ce n’est ni Floria Tosca qui l’amènera cet été à Orange, ni la Leonora de La Force du destin, mais celle du Trouvère. À l’été 2023, la diva, accompagnée comme à son habitude de son (désormais ex) mari, Yuri Eyvazov, avait illuminé de son chant verdien de plus en plus affermi le ciel étoilé d’Orange, en clôture de festival, lors d’un gala tout entier dédié au compositeur.
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Rien d’un hasard
Cette fois-ci, c’est pour une version concert d’Il trovatore qu’elle y fait son retour. Quelle version de concert ! La Netrebko y donnera la réplique à Marie-Nicole Lemieux en Azucena et Yusif Eyvazov en Mancuro (les deux artistes, continuent de se produire ensemble, marque de leur générosité comme de leur dévotion à leur art). Le tout sous la baguette du spécialiste du répertoire italien Jader Bignamini.
Un choix de titre qui n’a sans doute rien d’un hasard. « Je me souvenais d’une production d’Il trovatore profondément ennuyeuse. Dès qu’(Anna Netrebko) était entrée en scène, c’est comme si le spectacle était passé du noir et blanc à la couleur, assure Jean-Louis Grinda. Quand elle est sur scène, on sent une urgence. Comme chez Placido Domingo. Ce sont des artistes qui ne vivent que pour la scène. C’est la raison de la ferveur qu’ils déclenchent. Et ce qui explique que, quoi que vous fassiez, ils ne seront jamais interchangeables. »
Le 6 juillet au Théâtre antique à 21 h 30.