Par
Lisa Rodrigues
Publié le
23 mai 2025 à 15h34
Cela fait 16 ans que Laurie Drogo tient son salon de coiffure place Vaucanson à Grenoble. Avec les autres commerçants du quartier, elle s’est créé un réseau amical et d’entraide. « J’adore être en ville, on se connaît tous ici ! »
Oui mais voilà, les clients se font plus rares, pointant auprès de leur coiffeuse un manque d’accessibilité et une « ville qui devient glauque ». De quoi mettre en péril son commerce. « Je n’ai plus de trésorerie. En deux ans, j’ai perdu 40 000 euros », souffle Laurie Drogo. Elle a donc pris une décision radicale : à la mi-juin, elle quitte le centre-ville pour déménager son salon à Montbonnot-Saint-Martin, en périphérie de Grenoble.
« C’est devenu compliqué pour la clientèle de venir »
Pour expliquer la baisse de fréquentation de son salon, Laurie Drogo pointe plusieurs problèmes à actu Grenoble.
En premier lieu, il y a le stationnement. « C’est devenu compliqué pour la clientèle de venir. Quand on trouve un stationnement, c’est cher ! Et en plus, deux fois sur trois, les horodateurs ne marchent pas. »
J’avais beaucoup de monde qui venait d’en dehors de Grenoble, entre midi et deux. Elles tournent, mais ne trouvent plus de stationnement. Elles finissent par me dire qu’elles vont aller se faire coiffer en bas de chez elles.
Laurie Drogo
Coiffeuse à Grenoble
Elle cite aussi « les travaux en centre-ville » qui découragent la clientèle, les « sirènes » de police « de plus en plus fréquentes » et « qui stressent » la clientèle, ou « la vignette Crit’Air » qui empêche une partie des automobilistes d’accéder au centre-ville en voiture.
À cela, il faut aussi ajouter des difficultés de recrutement. « Avant, on était trois, voire quatre pour coiffer. Aujourd’hui, je n’ai qu’une collègue. »
Pas de repreneur
Laurie Drogo ne sait pas si elle reviendra plus tard en centre-ville. « À l’instant T, je vous dirai que c’est un départ définitif. »
Elle part à Montbonnot-Saint-Martin avec sa seule salariée. Elle va même louer une partie de son nouveau local à une auto-entrepreneuse qui va proposer des services d’onglerie. Chose qu’elle ne pouvait pas se permettre dans son local actuel à Grenoble.
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Quant à son fonds de commerce place Vaucanson, il est en vente. Et il n’attire pas. « Pourtant, il est bradé, soupire la coiffeuse. Je n’ai personne qui se présente. Personne ne veut venir ! Je vais devoir le donner pour ne pas avoir un local vide… »
Le fonds de commerce place Vaucanson est en vente, mais pour le moment, personne ne s’est présenté. (©Lisa Rodrigues / actu Grenoble)« C’est la fin d’une ère »
Pour autant, Laurie Drogo ne saute pas de joie à l’idée de quitter Grenoble, elle qui est issue d’une famille de commerçants ayant toujours été présents en centre-ville. « Ce n’est pas de gaîté de cœur que je le fais ! C’est une déception de partir et de laisser les copains commerçants. C’est la fin d’une ère. »
En 16 ans de présence place Vaucanson, elle connaît bien les confrères et habitants du quartier, qui s’arrêtent continuellement au salon pour la saluer.
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Du côté des clients, même si on comprend la décision de la coiffeuse, il y a des déçus.
« Certaines clientes, je les coiffe depuis plus de 10 ans. Elles n’aiment pas être bousculées dans leurs habitudes, c’est normal, sourit Laurie Drogo. Mais d’autres me disent qu’elles sont prêtes à prendre la voiture » pour se rendre à la nouvelle adresse. « Là-bas, l’avantage, c’est que le stationnement est gratuit… »
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