Les bourses du monde entier font le yoyo en ce début de semaine. Une réaction spectaculaire aux annonces du président américain Donald Trump, qui a annoncé la mise en place d’importants droits de douane sur les produits importés aux Etats-Unis. Mais alors, les défenseurs du Bitcoin et autres cryptomonnaies, qui ont souvent défendu leur investissement dont le cours ne devait pas reposer sur les marchés, ont-ils eu tout bon ?

« C’est un moment de test intéressant, estime Clara Balva, directrice stratégique de Deblock, une néobanque spécialisée dans les cryptos. Le bitcoin est-il une véritable alternative ou juste un autre actif ? » De par sa nature, la valeur des cryptomonnaies « est moins soumise aux fluctuations liées aux droits de douane ». « Mais on ne peut pas commenter les cours à court terme. Ce qui compte, c’est la tendance plus longue. »

Les cryptomonnaies restent un investissement volatil

Et sur le long terme, les cryptoactifs ne sont pas au mieux de leur forme. Après avoir atteint sa plus forte valeur en dollar mi-janvier, le cours du bitcoin redescend lentement, passant ainsi de plus de 100.000 à 70.000 euros. « Le mandat de Trump n’est pas si positif que ça pour les cryptomonnaies, analyse Clare Balva. Ce n’est pas directement lié à sa politique, mais il y avait une attente de la fin des discours de régulation de l’ère Biden qui a un peu déçu pour le moment. »

Les droits de douane, eux, sont vus de manière négative par le secteur à cause de la philosophie libertarienne que sous-tendent les cryptomonnaies. Et si le bitcoin avait émergé après la crise de 2008 dans l’idée de se prémunir d’une nouvelle faillite de banque, le contexte actuel est différent. « Aujourd’hui, ce n’est pas une crise bancaire mais politique, c’est pour cela que les cryptos en profitent moins », souligne Philippe Crevel, économiste et président du Cercle de l’Epargne.

D’autant que, dans les faits, le cours des cryptomonnaies n’est pas tant décorrélé de la bourse que cela. « Le bitcoin suit finalement souvent le Nasdaq, puisque des dirigeants d’entreprise de la tech et des actionnaires sont souvent versés dans la cryptomonnaie », détaille Philippe Crevel. Et à cause de leur grande volatilité, ces actifs ne peuvent pas servir de valeur refuge comme l’or, dont les changements de valeurs sont moins brusques.

Toujours rester raisonnable

Pas sûr, donc, que le moment soit meilleur ou moins mauvais qu’un autre pour placer son argent dans la crypto. Mais pour les personnes qui souhaiteraient le faire, Claire Balva procure les mêmes recommandations que pour n’importe quel placement en bourse ou produit financier : mettre des sommes raisonnables, que l’on est prêt à perdre. « Et bien se renseigner sur les projets. Beaucoup de gens sont tentés de trouver le nouveau Bitcoin, l’affaire peu connue qui va permettre de gagner de l’argent. Mais la plupart des projets sont à des années-lumière de ça. » Ainsi, plutôt que les memecoins, comme celle lancée par Donald Trump, dont le cours connaît souvent un départ explosif avant de se ratatiner, « au contraire, je recommanderais d’aller vers des projets plus connus et plus anciens, car ils risquent moins de perdre 90 % de leur valeur subitement ». Ou sinon, rester avec son petit livret A, ce n’est pas si mal non plus.