Par

Yann Rivallan

Publié le

23 mai 2025 à 17h20

Le doute n’est plus permis désormais. Benoît*, propriétaire d’appartements en location sur Airbnb, vient d’être reconnu coupable de proxénétisme hôtelier et de blanchiment d’argent par le tribunal judiciaire de Rouen.

Vendredi 23 mai 2025, cet homme de 53 ans attendait le délibéré d’une vaste affaire de prostitution dans ses logements de la capitale normande. En somme, il lui était reproché d’avoir laissé prospérer des activités de prostitution dans quatre de ses appartements du centre-ville de Rouen.

« Qu’est-ce que je pouvais faire ? »

Il faut dire que Benoît a reçu de nombreuses alertes sur les activités régulières de ses hôtes. Plaintes de locataires dans la résidence, courriers de la copropriété, audition par la gendarmerie… Pourtant, le quinquagénaire a toujours nié avoir été conciliant.

Selon lui, il n’avait « pas suffisamment de preuves » pour attester d’activités de prostitution répétées dans ses appartements lorsqu’on le prévenait. « C’était toujours du conditionnel », avait-il expliqué lors de l’audience du vendredi 16 mai dernier. Et quand il en avait, elles arrivaient « trop tard » pour pouvoir agir, selon lui.

« Qu’est-ce que je pouvais faire ? », avait-il répété à plusieurs occasions.

De multiples alertes

Pour le tribunal, Benoît et son conseil, maître Jérôme Dereux, n’ont « pas convaincu avec leurs arguments ». D’après le président du tribunal de Rouen, « il y a eu de multiples alertes et par de multiples canaux sur une période de temps longue. Vous étiez à même de savoir que vos logements étaient loués par des prostituées. »

De plus, « votre inaction a perduré même pendant la période de prévention », assène encore le président. En d’autres termes, le propriétaire de Airbnb a laissé prospérer cette activité clandestine alors que les enquêteurs opéraient des surveillances de ses logements.

Il est donc condamné à 2 ans de prison avec un sursis simple de 5 ans**. En peine complémentaire, il a interdiction de détenir une arme pendant 3 ans, interdiction de gérer une entreprise pendant 5 ans et interdiction d’exercer une activité de loueur de logements meublés pendant cinq ans à titre conservatoire.

C’est-à-dire que même s’il fait appel, il devra continuer à se plier à cette interdiction. De plus, les quatre appartements incriminés, certains de ses comptes bancaires et l’argent en liquide retrouvé dans son logement sont saisis.

Enfin, la constitution de partie civile de l’association EACP (Équipes d’Action Contre le Proxénétisme) est acceptée. Ainsi, Benoît devra verser 3 000 euros de dommages et intérêts à l’association de lutte contre le proxénétisme et 1 000 euros pour ses frais d’avocat.

*Le prénom a été modifié

**Cette peine est susceptible d’appel. Tout justiciable demeure présumé innocent tant que toutes les voies de recours n’ont pas été épuisées

Suivez l’actualité de Rouen sur notre chaîne WhatsApp et sur notre compte TikTok

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.