«Pourquoi est-ce si douloureux de vivre dans nos sociétés contemporaines ?» La littérature n’en finit pas d’explorer le sujet mais Rose Vidal a une façon bien à elle de répondre à cette question : par le biais des antidouleurs et autres opioïdes qui sont devenus synonymes d’accoutumance, d’excès et souvent même de mort. «J’avais l’intuition assez forte que les antidouleurs pouvaient être une clé de compréhension de l’époque, et un symptôme aussi, explique cette autrice et artiste de 27 ans, à mettre en parallèle avec l’expansion du libéralisme.» Drama Doll, étrange et fascinant roman qui joue avec les phrases et les mots à la manière d’un rubik’s cube mental, est en effet une plongée dans nos addictions contemporaines encouragées par le monde de l’argent, du toujours plus, du capitalisme qui nous transforme peu à peu en souris de laboratoire courant sans répit dans sa roue. «Le premier antidouleur, ce n’est pas le médicament, c’est l’argent qui apaise car il a le pouvoir de prendre n’importe quelle forme (luxe, soins, voyage, plaisirs…)», dit-elle. D’ailleurs, prononcez «Drama Doll» plusieurs fois à haute voix, et le titre prendra une tout autre si