Ainsi que sa cheffe et son chef de file : Valentine Mercier et Nicolas Preux et à ce titre, pas forcément appelés à mener une liste propre à LFI aux Municipales de Saint-Etienne, sinon d’union. Il y a une semaine lors de leur présentation, les Insoumis ne souhaitaient pas (re) parler de la mise en œuvre de cette dernière, concentrant leur communication sur ses bases de programme.

Nicolas Preux et Valentine Mercier. ©If Saint-Etienne / Xavier Alix

Sur la liste – commune à d’autres formations ou non – aux Municipales ? Probablement. Et donc, plutôt en haut, voire au sommet ? Pas forcément. « RAS » sur les difficiles négociations à cinq (PS / PC / EELV / LFI et collectif Sainté populaire) pour former projet et liste d’union de la gauche aux élections, précisaient à la presse il y a une semaine les Insoumis stéphanois par les voix de Valentine Mercier et Nicolas Preux. Leurs deux « chefs de file » pour ces Municipales de Saint-Etienne. Et rien d’autre à ce stade, si ce n’est la mission de discuter avec les partenaires en vue d’une union en plus de consolider les liens entre militants et animer la campagne. « Qui » et « avec qui » en 2026, « ce n’est aujourd’hui pas le sujet », ont martelé à la presse locale les deux représentants appuyés par la présence de la députée stéphanoise LFI Andrée Taurinya.

Sur le parvis des Halles Mazerat fermées en mars, pour ce qu’ils estiment un « symbole » de la « défaillance de la gestion » de la majorité Perdriau, ce sont les grandes lignes du « quoi », restant donc à affiner, a fortiori avec des partenaires, auxquelles elle tient que LFI voulait présenter. Même si le communiqué qui a suivi rappelait dans son introduction que La France insoumise est « la première force de gauche, nationalement et localement ». Si aux Municipales 2020, elle n’avait réalisé que 3,14 % des suffrages exprimés à Saint-Etienne, en revanche, « sur la commune, le mouvement a rassemblé 21 % des suffrages aux élections européennes il y a un an, ainsi que 33 % aux présidentielles de 2022. En outre, la France insoumise stéphanoise pèse par son implantation militante. Elle compte à Saint-Étienne plus de 15 groupes d’action actifs, chacun étant constitué de 5 à 70 militant·es. »

Un « bail réel solidaire » 

Ces orientations de programme, LFI les estime inaliénables vis-à-vis des partenaires tout en commentant qu’elles ne peuvent que convenir à des partenaires de gauche… Programme « de rupture, élaboré selon une méthode éprouvée. En lien étroit avec les associations, les syndicats et tous les acteurs engagés localement, nous établissons des constats sur la situation municipale puis nous définissons des objectifs et proposons des mesures concrètes à court, moyen et long terme pour les atteindre. Celles-ci se déclinent en trois grands axes programmatiques, visant à répondre à l’urgence sociale, à l’urgence démocratique et à l’urgence environnementale ». Le premier ? « Une ville pour ses habitants » : en « rupture avec la majorité actuelle », « notre objectif principal n’est pas de nous adresser à des acteurs extérieurs qu’il faudrait « attirer » avec des projets de façade, mais de répondre aux besoins et aux attentes de la population stéphanoise. Ces besoins sont nombreux. »

Avec le rappel de ces chiffres : le taux de pauvreté s’élève à 28 % à Saint-Étienne (+ 6 points en 10 ans), soit le double de la moyenne nationale. « Les familles sont particulièrement touchées par le mal-logement, victimes des marchands de sommeil et des spéculateurs immobiliers, et le maillage très inégal des transports en commun rend l’accès à la mobilité compliqué dans certains quartiers enclavés. » Le plan de lutte « contre la pauvreté et la précarité » de LFI passe par plus de moyens d’action au CCAS, des outils de lutte contre le mal-logement, comme le « permis de louer » ou contre la spéculation immobilière, « en relançant la production de logements locatifs publics » ou encore en développant des modalités d’accès à la propriété pour les ménages modestes via le « bail réel solidaire ». « L’offre des bailleurs sociaux aux primo-accédants à la propriété, ça existe déjà oui mais c’est très insuffisant, très peu accessible », estime Nicolas Preux.  

L’ambition de piétonniser l’hyper centre

Autre élément de cet axe : une régie publique pour la restauration collective visant une meilleure alimentation, des transports en commun « adaptée aux besoins ». C’est-à-dire plus accessibles, et plus cadencés pour les quartiers et villes périphériques à Saint-Etienne. L’ambition s’entend là évidemment à l’échelle métropolitaine puisque relevant de ce niveau de compétence. De quoi amener moult investissements dans ce domaine. Faut-il dès lors rendre gratuit les transports ? « Pas dans un premier temps mais oui, c’est un objectif de long terme. Là, il faut des ressources pour mieux connecter les périphéries délaissées, répond Valentine Mercier. Il faut mettre fin à une logique tout voiture qui persiste et entrave d’ailleurs l’efficacité de l’existant : l’intensification des transports en commun ira de pair avec une piétonisation d’ampleur de l’hyper centre. Pour nous, oui, c’est aussi un moyen de donner de baisser la population et proposer des alternatives, avant même de parler d’accentuer la ZFE. Oui, nous avons conscience que cela implique aussi plus de parkings relais pour laisser sa voiture hors du centre quand on vient de plus loin. »

Le contrôle des élus

Second axe : « une ville par ses habitants ». LFI veut mettre en œuvre « une gestion communaliste, afin d’assurer un réel droit à la ville pour tous et toutes. Pour cela, nous portons un projet de refondation de la gouvernance municipale et de l’exercice de la démocratie dans la ville ». Cela se traduit par « l’imposition d’un certain nombre de principes éthiques aux élus » : plafonnement des indemnités – municipales et métropolitaines – d’élus à, maximum, trois fois le salaire le plus modeste payé par la collectivité aux agents (ce qui du coup concernerait seulement le maire ou des adjoints ayant aussi une vice-présidence à Métropole), référendum révocatoire, pas de cumuls hors Ville/Métropole, système de contrôle « efficace ». Pour la population : modalités d’accès, moyens et missions des conseils de quartier revus pour plus d’indépendance ; abolition du financement par projet des amicales laïques et des centres sociaux pour une logique pluriannuelle. Pour les agents : la promesse de plus de moyens, d’un organigramme redéfini, comme des modes de fonctionnement.

Troisième axe : « une ville respectueuse du vivant ». LFI annonce les deux principes suivants exigeant sans doute plus de détails quant à leur mise en œuvre : « Aucun contrat ou partenariat de la ville ne contribuera de manière directe ou indirecte à une action contrevenant aux droits humains et des peuples à disposer d’eux-mêmes, notamment toute politique coloniale, d’apartheid et de génocide. » ; « Aucune action ne devra, à son échelle, entraîner le dépassement des limites planétaires, en application de la « règle verte ». Pour cela, nous nous abstiendrons notamment de démolir et\ou de construire lorsque cela est évitable. »