Artiste hip-hop, ex-artiste associé notamment à La Villette à Paris, Bouziane Bouteldja a fondé sa compagnie Danse6T à Tarbes, où il anime aussi une école de danse qui accueille 850 élèves. En avril, il a été nommé codirecteur du théâtre Toursky (3e) aux côtés de Nathalie Huerta, directrice du théâtre Joliette (2e), et Julie Kretzschmar, directrice des Rencontres à l’échelle.

Vous avez présenté mercredi 21 mai à Klap une histoire de la danse, des danses, en montrant qu’elles sont liées à des luttes sociales ou à l’affirmation d’identité. Comment avez-vous exploré toutes ces danses ?

Parler de ces danses était essentiel pour moi car elles parlent du vivre ensemble. On montre aussi à quel point elles sont liées les unes aux autres. Sans les autres danses, le hip-hop n’existerait pas ! Il a repris beaucoup de choses des danses existantes. Je montre le lien entre ces danses. Le flamenco, comme le krump, ont un peu les mêmes origines. Elles sont nées dans la rue, contre la violence. Pareil pour le pantsula, le tango, la salsa, toutes les danses ont porté de l’humanité.

Concernant votre projet au Toursky, vous voulez créer une école de danse, en plus de la programmation. Qu’en est-il ?

Nous ouvrirons un centre pour développer la danse à Marseille. On ne parle pas d’école, car le terme implique que les enseignants sont diplômés d’État. Or dans le hip-hop, il n’y a pas de diplôme d’État. Cela sera une maison du hip-hop et des danses actuelles, afro, street jazz. Tous ces cours seront proposés dès septembre prochain (*).

Le centre aura aussi pour mission de valoriser et accompagner les jeunes danseurs qui veulent progresser, développer tout un tas d’activités avec les structures de Marseille. C’était une volonté de la Ville de Marseille.

Comment s’appellera ce nouveau lieu ?

Une concertation est en cours pour trouver un nom. Le Toursky est un nom déposé, on n’a pas le droit de le garder. Une page va se tourner. Ce lieu va renaître, va avoir un nouvel élan.

Vous êtes de Tarbes, qu’est-ce qui vous a attiré à Marseille ?

Cela fait neuf ans que je travaille à Marseille avec le théâtre la Cité (6e), j’ai fait des spectacles à la Friche (3e), à la Cité, à la Joliette, dans les quartiers Nord. Marseille est une ville de la parole. Les gens parlent beaucoup plus qu’ils ne dansent contrairement à Paris, à Lyon, Toulouse. Il y a des compagnies mais pas suffisamment par rapport à la taille de la ville. Il manque des infrastructures. Quand je suis arrivé à Marseille, dans certains endroits, j’avais l’impression de retrouver Tarbes, une ville de 50 000 habitants.

Vous partagez la direction avec Nathalie Huerta, directrice du théâtre Joliette, et Julie Kretzschmar, directrice des Rencontres à l’échelle. Comment travaillez-vous ensemble ?

Nathalie et moi nous connaissons depuis longtemps, et Julie et Nathalie sont complices aussi de longue date. Quand l’appel à projet a été lancé pour la reprise du Toursky, on s’est dit « on y va ! » Parce qu’il y a un vrai besoin d’accompagner les compagnies régionales, en danse, en théâtre ou musique. J’ai rencontré des structures qui sont dans le cinéma, dans le rap, on va créer des ponts.

Le lien à la Méditerranée (incarné par les Rencontres à l’échelle, NDLR) est important aussi. Ça fait 13 ans que je travaille au Maroc et que je reçois des compagnies marocaines dans ma salle à Tarbes. Ces échanges sont nécessaires pour le développement à la fois des artistes marseillais et du bassin méditerranéen. C’est pour cela que notre association s’appelle Scène Méditerranée.

(*) le nouveau théâtre n’a pas encore de site. Toutes les infos sur dans6t.com ou sur place, 16 Prom. Léo Ferré (3e)