Devant la cour, la star des réseaux sociaux avait décrit sa «certitude de mourir» et d’être «violée» durant la nuit du 2 au 3 octobre 2016, lors de laquelle quatre braqueurs avaient fait irruption dans sa chambre d’hôtel. Elle s’est dite «satisfaite» du verdict.

Un spectaculaire braquage de superstar américaine en pleine Fashion Week de Paris, et neuf ans après, la décision. La cour d’assises de Paris a condamné vendredi les «papys braqueurs» de la star américaine Kim Kardashian à des peines allant jusqu’à huit ans de prison dont trois ferme, pour le cerveau de l’opération Aomar Aït Khedache, qui ne purgera cependant pas sa peine en prison.

La cour a décidé d’une confusion de peine avec une précédente condamnation à cinq ans de prison dans son cas, ce qui signifie qu’il ne retournera pas en détention, comme aucun autre des accusés, tous condamnés à des peines largement inférieures à celles réclamées mercredi par l’accusation. La cour a enfin acquitté deux hommes accusés d’être les «taupes» ayant fourni de précieuses informations sur l’agenda de la reine des influenceuses. Kim Kardashian s’est dite «satisfaite du verdict».

Les «papys braqueurs» étaient accusés d’avoir séquestré, ligoté et dépouillé Kim Kardashian de 9 millions d’euros de bijoux dans sa chambre d’hôtel en 2016. Quelques heures avant la condamnation, le «cerveau» présumé du braquage Aomar Aït Khedache, 69 ans, sourd et quasiment muet, avait noté ses derniers mots sur son cahier, lus par son avocate: «Je demande pardon. Je n’arrive pas à trouver les mots. Je regrette beaucoup», a-t-il écrit, demandant ensuite «mille pardons» à son fils Harminy, qui avait conduit et récupéré son père et deux complices cette nuit du 2 au 3 octobre 2016.

«Des regrets à vous offrir»

Lecture d’avocat aussi pour Didier Dubreucq, 69 ans également, qui suivait une chimiothérapie en marge du procès pour un cancer mais a dû être hospitalisé : «Jamais au grand jamais je n’ai participé au vol de bijoux», avait écrit «Yeux bleus», jurant ne pas être le deuxième homme monté dans la chambre de Kim Kardashian pour la séquestrer et la dépouiller de neuf millions d’euros de bijoux.

Tour à tour les autres se sont levés pour dire une fois encore leur «innocence», ou s’excuser: «J’ai de nouveau que des regrets à vous offrir, je suis désolé, j’assume ce que j’ai fait», a déclaré Yunice Abbas, 71 ans. Contre lui et trois autres braqueurs présumés, l’accusation avait requis mercredi 10 ans de prison, demandant à la cour de ne pas se fier à leurs «rides rassurantes». Au moment des faits, ce sont «des braqueurs chevronnés du grand banditisme» au casier judiciaire chargé, pas des «pieds nickelés». «La réalité, c’est qu’ils ont monté un coup et qu’ils ont réussi», avait martelé l’avocate générale Anne-Dominique Merville.

«Certitude de mourir» et d’être «violée»

Quand elle est venue témoigner la semaine dernière, la star Kim Kardashian avait accepté les excuses de son client Aomar Aït Khedache. «Je vous pardonne» même si «ça ne change rien au traumatisme», «je crois à la deuxième chance», lui a dit émue celle qui étudiait le droit depuis six ans et a enfin obtenu son diplôme, comme elle l’a annoncé jeudi sur les réseaux sociaux à ses 356 millions de followers.

«Hi, I’m Kim Kardashian», s’est-elle présentée à la barre, dans une tenue parfaitement inhabituelle en ces lieux: robe tailleur noire haute couture, et comme un pied de nez, un collier de diamants à trois millions de dollars et une bague ressemblant fortement à l’énorme caillou, «the ring», qu’elle exhibait en 2016 sur internet et que les malfrats lui avaient réclamé d’un fort accent français. Pendant plus de quatre heures – elle avait fini par enlever discrètement ses talons – elle a décrit sa «certitude de mourir», d’être «violée» cette nuit-là, ses supplications pour qu’elle puisse revoir ses enfants. Puis elle avait quitté la cour. Et a repris le fil de sa vie postée sur Instagram, selfies de luxe devant le Ritz ou en péniche sous la Tour Eiffel, entre champagne et fourrures, à mille lieues de ses «papys braqueurs».