« Quelle bagarre pour faire valoir mon poids, dans la balance du savoir établi des non-handicapés ». Ces mots sont ceux de Rémi, handicapé moteur et non verbal. Il ne peut ni parler ni écrire. Grâce à la psychophanie, une méthode de communication facilitée, il a pu décrire son ressenti de personne handicapée à travers un poème, récité ce vendredi 23 mai, dans l’amphithéâtre de la faculté de droit de Toulon.
L’association Umane y a rassemblé ses salariés et ses bénéficiaires pour une journée de réflexion sur les thèmes de l’autodétermination et de l’éthique. Psychoéducateur, sociologue, professeur de droit et autres intervenants ont animé conférences et discussions.
« Donner le pouvoir d’agir »
Le groupe, implanté dans la région, suit des personnes dites « vulnérables » : en situation de handicap, éloignées de l’emploi, séniors, enfants de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Depuis six ans, il organise ce type d’événements afin de faire évoluer leurs pratiques et méthodes de travail.
« L’autodétermination, c’est donner le pouvoir d’agir aux personnes que nous accompagnons. Il faut sortir du poids de l’institution pour leur donner la parole, elles doivent pouvoir exprimer leurs envies et leurs besoins », explique la présidente de l’association Umane, Thérèse Forli.
Mais dans la pratique, les professionnels du médico-social rencontrent des difficultés pour adopter ce mode de fonctionnement avec les personnes accompagnées. « On a tous envie de le faire – l’autodétermination – mais on voit bien que sur le terrain il y a toujours des craintes et des blocages ou un manque de compétences et de connaissances », argumente Coralie Robin, directrice qualité et innovation d’Umane. Car « soutenir l’expression de la personne et sa capacité à décider pour elle-même signifie aussi de prendre des risques », conclut-elle.