Néanmoins, si un accord pourrait être acté, la question de la durabilité de celui-ci reste une préoccupation principale pour les experts. Cette durabilité dépendra de deux critères principaux selon le rapport. Tout d’abord, « le degré de satisfaction du président Poutine à l’égard des concessions ukrainiennes et occidentales. » C’est-à-dire que les deux chefs d’États doivent pouvoir défendre l’accord auprès de leur population. L’autre critère concerne la « solidité des promesses de sécurité qui sous-tendent » l’accord. Les Ukrainiens doivent obtenir des garanties de sécurité suffisantes pour dissuader une nouvelle agression et permettre au pays de se reconstruire.
En privé, Donald Trump confie aux leaders européens le fond de sa pensée sur Vladimir Poutine: « Ils étaient stupéfaits »4 scénarios possibles
Le Centre de géopolitique JPMorgan Chase développe ensuite quatre issues possibles au conflit, en le mettant en perspectives vis-à-vis de précédents conflits internationaux.
Le scénario le plus probable serait celui de la Géorgie, avec une probabilité de 50 % mais qui livrerait une issue « peu favorable » pour l’Ukraine. Dans ce cas, le déploiement de troupes étrangères et d’un soutien militaire fort serait exclu. Cela plongerait l’Ukraine dans « une instabilité permanente, une croissance et une reprise entravées ». Ce qui provoquerait « un affaiblissement du soutien étranger au fil du temps et le déraillement effectif de son intégration occidentale avec un retour progressif dans l’orbite de la Russie ».
La seconde possibilité plus probable avec 20 % de probabilité, classifiée « encore ok », est celui d’Israël. Ce scénario permettrait à l’Ukraine de devenir une « forteresse » et « de poursuivre sa modernisation militaire et établir sa propre force de dissuasion » grâce à un « soutien militaire et économique fort et durable, sans présence significative de troupes étrangères ». Néanmoins, dans ce cas, la guerre menacerait toujours l’Ukraine.
En dernière position, le meilleur et le pire scénario pour l’Ukraine obtiennent tous les deux un taux de probabilité de 15 %. Dans le meilleur cas, se référant à la Corée du Sud, l’Ukraine se verrait attribuer « une force européenne de sécurité sur son territoire, soutenue par une promesse de sécurité américaine en matière d’assistance et de renseignement ». Elle obtiendrait également les actifs russes gelés afin d’assurer sa reconstruction. Cependant, elle n’obtiendrait ni une adhésion à l’OTAN, ni une restitution complète de son territoire.
Enfin, dans le pire des cas, associé à celui de la Biélorussie, Kiev serait abandonnée par les États-Unis et subirait une inaction des Européens. Moscou serait en position de force pour maintenir « ses exigences maximalistes et chercherait à obtenir la capitulation totale de l’Ukraine, transformant le pays en un État vassal de Moscou ». Dans ce scénario, la Russie serait la grande gagnante face à un Occident divisé, entraînant un chamboulement dans l’ordre mondial.
Le fiasco volontaire de Vladimir PoutineCenter for Geopolitics
Le Centre de géopolitique JPMorgan Chase se présente comme « une ressource pour les clients en quête d’analyses et d’éclairages pertinents sur les principales tendances mondiales ». Le directeur général, responsable du JPMorgan Chase Center for Geopolitics et coauteur du rapport est Derek Chollet. Il a occupé le poste de secrétaire d’État adjoint des États-Unis sous le dernier mandat de Joe Biden et a également travaillé au Pentagone, au département d’État, à la Maison Blanche et au Congrès. Lisa Sawyer, coautrice du rapport, est une ancienne sous-secrétaire adjointe à la Défense pour la politique européenne et de l’OTAN. Elle a également occupé le poste de coordinatrice spéciale du Département américain pour l’Afghanistan.