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De plus en plus d’études parlent d’un phénomène troublant : certains sédatifs et hypnotiques, notamment ceux utilisés en anesthésie, peuvent provoquer des hallucinations sexuelles. Celles-ci sont parfois extrêmement réalistes chez certains patients. Explications.
Des hallucinations sexuelles
Les sédatifs les plus fréquemment associés à ces hallucinations comprennent notamment les benzodiazépines comme le midazolam et le diazépam, ainsi que le propofol, la kétamine, le protoxyde d’azote et même des agents plus anciens comme l’éther et le chloroforme. La plupart de ces médicaments agissent sur le GABA, un neurotransmetteur qui ralentit l’activité cérébrale et induit la relaxation. Cependant, à certaines doses, ils provoquent des hallucinations sexuelles.
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87 cas d’hallucinations sexuelles induites par des sédatifs sont décrits dans un article publié dans Psychology Today. Environ 41 % impliquaient du midazolam ou du diazépam, souvent à fortes doses. Les patients ont décrit des symptômes variés, allant de rêves sexuels brefs à des hallucinations d’agressions angoissantes.
Dans une autre étude portant sur 110 patients en chirurgie dentaire, 13,6 % ont déclaré avoir ressenti une excitation sexuelle, des rêves ou des hallucinations pendant ou après l’anesthésie. La plupart les ont décrits comme des rêves. Cependant, 10 % ont rapporté des visions sexuelles désagréables qui ont persisté pendant leur période de convalescence.
Homme ou femme : quelles différences ?
Au coeur de ce phénomène, être un homme ou une femme peut avoir son importance. Dans un rapport portant sur environ 300 patients masculins subissant une intervention chirurgicale urologique, aucun n’a signalé avoir eu de rêves sexuels. En revanche, lorsqu’une anesthésiste était présente, au moins un patient en a fait l’expérience, sans donner plus de détails.
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Les femmes ont également rapporté ces épisodes, mais de manière différente. Dans un groupe de 130 patientes sous sédation au propofol et à l’alfentanil, 12 % ont présenté des comportements amoureux ou désinhibés. Certaines patientes ont ensuite décrit ces épisodes comme des hallucinations. D’autres se souvenaient simplement de sentiments d’exposition ou de vulnérabilité.
Des implications cliniques et éthiques
Certains chercheurs pointent du doigt l’action de ces médicaments sur des neurotransmetteurs comme le GABA et la dopamine. Les benzodiazépines et le propofol, par exemple, renforcent les effets calmants du GABA. Mais à fortes doses, ces effets peuvent désinhiber certaines régions du cerveau, permettant ainsi aux pensées ou émotions refoulées de remonter à la surface sous des formes exagérées ou déformées.
Certains médicaments dopaminergiques, comme ceux utilisés pour la maladie de Parkinson ou le TDAH, ont également déclenché des poussées de libido ou des fantasmes sexuels. Les antipsychotiques et les antidépresseurs, notamment ceux altérant les voies dopaminergiques, ont également été concernés.
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Pour les professionnels de santé, ce phénomène a des implications cliniques et éthiques. Bien que rares, les hallucinations sexuelles sont intenses et potentiellement traumatisantes. Certains patients, croyant ces visions réelles, ont même déjà interrompu leur traitement ou porté plainte. Les experts recommandent donc désormais aux cliniciens d’informer les patients, en particulier ceux recevant des sédatifs à forte dose, de la possibilité de telles hallucinations. Ils préconisent également des protocoles de protection, comme la présence d’un témoin ou le recours à la vidéosurveillance, notamment lors d’interventions sensibles.
Qu’en pensez-vous ? Par ailleurs, la musique pourrait apaiser autant que les sédatifs précédant une anesthésie.