Si le Crédit Mutuel (*), dont le siège est à Strasbourg, a toujours défendu la construction européenne, son président, Daniel Baal , a dénoncé, ce vendredi, deux projets majeurs qui, selon lui, mettent en péril l’avenir du système financier français et continental. Le patron de la 9e banque européenne, qui emploie 77 000 personnes, a d’abord fustigé le projet d’euro numérique de la BCE. « Nous partageons l’objectif : les Européens doivent pouvoir payer en euro, partout, à tout moment, de manière sûre et pratique. Depuis quatre ans, des ressources publiques et privées considérables sont mobilisées pour ce projet. Mais les bénéfices pour les citoyens de l’Union ne sont toujours pas établis. »
« L’euro numérique crée des problèmes »
Et de poursuivre : « Dans de très nombreux pays, comme la France, l’euro digital existe depuis longtemps et permet de payer sans difficultés en Europe. Alors qu’est-ce qui justifie cet euro numérique ? Il est une solution qui cherche son problème. L’euro numérique, c’est même un projet qui crée des problèmes. D’ailleurs, le Canada, les États-Unis, l’Australie ont fait le choix d’abandonner une telle idée », a souligné Daniel Baal selon qui « l’euro numérique risque d’affaiblir les bilans bancaires ». « Moins de dépôts, c’est tout simplement moins de crédits distribués et donc moins d’investissements, moins de croissance », assure le président du Crédit Mutuel. Daniel Baal considère que « c’est un projet coûteux de plusieurs dizaines de milliards d’euros, un projet sans bénéfice pour les citoyens, les entreprises, la souveraineté… Car des solutions, comme Wero ou Bizum, existent déjà pour les paiements transfrontaliers », a encore souligné Daniel Baal.
Une « atteinte à la souveraineté européenne »
Un autre projet, le Financial Data Access (Fida), porté par le Commission européenne, suscite le courroux de Daniel Baal. « Le libre accès aux données des banques et des assurances obligerait les banques et les assureurs européens à organiser leur propre hold-up par des entreprises étrangères ! Il tourne le dos aux avancées du règlement général de protection des données, initiative européenne qui est reconnu à travers le monde. Fida est en réalité le cheval de Troie des ambitions des Google, Facebook et consorts dans la banque et l’assurance. Elon Musk aurait pu l’écrire ! Ils en rêvaient, sans doute sans y croire. Et l’Europe le fait, sans doute sans y avoir suffisamment réfléchi », a dénoncé le président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, regrettant « le choix d’un ultra-libéralisme débridé […] qui porterait profondément atteinte à la souveraineté européenne. Espérons que les eurodéputés seront mieux inspirés que les apprentis sorciers bruxellois », conclut Daniel Baal.
(*) Le Crédit Mutuel Alliance Fédérale est l’actionnaire du groupe Ebra auquel appartient notre journal.