Publié le
24 mai 2025 à 11h50
Psychologue clinicienne de formation, la Rouennaise Swann Eglizeaud publie aux éditions Baudelaire un Essai sur les dynamiques familiales dans l’inceste et ses conséquences. Dans une analyse éclairante, elle essaye de déconstruire les stéréotypes à propos de ce sujet sensible.
Une définition assez floue de l’inceste
Spécialisée dans la psycho-criminologie, Swann Eglizeaud, travaillant au sein de la maison d’arrêt de Rouen, s’est penchée sur la problématique de l’inceste lors de son mémoire à l’université d’Angers. Elle a décidé de publier son travail dans un ouvrage publié aux Éditions Baudelaire en mars 2025.
Titulaire d’une licence de psychologie à l’université Paris XVIII et ayant effectué de nombreux stages au centre de détention de Rouen et à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) de Dieppe, Swann Eglizeaud s’est intéressée aux violences sexuelles au cours des entretiens avec des personnes détenues. « J’ai été confrontée à la problématique [des violences sexuelles] lors de mes prises en charge » et le sujet de « l’inceste est ressorti », raconte-t-elle.
Selon Swann Eglizeaud, la définition qu’on donne à l’inceste est assez restrictive. D’après les textes de loi en vigueur, l’inceste est défini comme condition aggravante d’une violence sexuelle « commise par un ascendant […] ayant sur la victime une autorité » (article 222.24 du Code pénal). Pour la psychologue, il faudrait alors préciser cette notion pour comprendre réellement « ce qu’est l’inceste et ce que cela implique ».
L’inceste, au prisme de plusieurs dimensions
Ainsi, cela suppose de voir l’inceste au-delà de sa seule dimension d’agression sexuelle et prendre en compte le « système familial » de la victime. Selon la psychologue, l’inceste engendre souvent une « confusion des rôles » et « touche à la généalogie, à la filiation. Cela donne des arbres généalogiques désorganisés [dans la psyché des victimes] avec des branches qui se croisent, se rejoignent », indique-t-elle. L’inceste mène aussi à une confusion « identitaire » chez la victime.
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Elle pointe aussi du doigt le silence autour de ces violences qui est dur à briser. « Il y a un double poids pour la victime : un poids individuel et le poids du système familial qui engendre une culpabilité. » La victime est alors confrontée à des « conflits de loyauté » vis-à-vis de l’agresseur « qui laisse transparaître qu’il ne faut pas qu’il parte [en prison] car cela ferait du mal au reste de la famille », précise l’autrice.
Essai sur les dynamiques familiales dans l’inceste et ses conséquences, Swann Eglizeaud, Editions Baudelaire, 74 pages, 13,50 euros
Noah Dumaine
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