Par

Antoine Grotteria

Publié le

24 mai 2025 à 7h54

L’ombre et le soleil. Entre le Paris Saint-Germain et le Stade Français, les trajectoires ont rarement épousé la même trajectoire. Quand le club de rugby scintillait dans les années 2000, nanti de quatre titres de champion de France, son voisin restait en marge du sommet du football hexagonal. Et ce, avant que l’arrivée de Qatar Sports Investment (QSI) ne renverse la situation. Depuis plusieurs années, la hiérarchie sportive s’avère limpide. Le PSG domine. De son côté, le Stade Français oscille entre saisons réussies et crus mitigés. Cette saison, le constat se révèle plus alarmant. À l’aube de son déplacement à Clermont, ce samedi 24 mai 2025, le club de Top 14 est à la lisière de la zone rouge. Une rétrogradation constituerait une première depuis trente ans. La temporalité n’est pas anodine. Elle correspond à l’union entre l’organisation et le stade Jean-Bouin, rénové en 2013. Un mariage organique et puissant auquel les supporters restent attachés.

« Il n’y a pas d’autre endroit où on se sent mieux »

« C’est notre maison », clame à actu Paris le président du Virage des Dieux, Franck Lemann. Depuis près de deux décennies, ce groupe de 200 supporters anime les matches du Stade Français. Sans érosion. « Il y a un renouvellement de générations. On reste très attachés à la culture du club, qui est basé sur des valeurs de solidarité. Et c’est à Jean-Bouin, il n’y a pas d’autre endroit où on se sent mieux », explique-t-il.

Entre les fans et l’enceinte du 16e arrondissement de Paris, l’amour rencontre la poésie de l’épopée et de ses acteurs. « On a eu des années exceptionnelles avec des joueurs emblématiques comme Christophe Dominici, Sylvain Marconnet, Pierre Rabadan… Cela reste des souvenirs magiques », abonde le président de l’association de supporters des Titis de l’Ovalie, Wilfried Benaourane.

Mais ce passé n’a plus de prise sur un présent et un avenir incertains.

« Que va-t-on faire si le Stade descend ? La location du stade Jean-Bouin coûte chère. Je ne pense pas que l’affluence couvrirait les frais de location. Personnellement, j’ai des craintes »

Franck Lemann
Président du groupe de supporters du Stade Français le Virage des Dieux

Contractuellement, le Stade Français est le concessionnaire exclusif du stade. En d’autres termes, il en est le résident principal. À ce titre, la Ville de Paris, propriétaire des lieux, lui a confié la gestion exploitation de toutes les parties pour un montant d’environ 2 millions d’euros par an. Charge au club de rentabiliser l’enceinte grâce à l’organisation de manifestations sportives. Exemple, une poignée de rencontres du club de football Versailles, engagé en troisième division.

Un loyer versé par le Paris FC

Cette configuration sera bientôt obsolète. Dès juillet, le Stade Français partagera le site avec le nouveau promu en Ligue 1, le Paris FC. Une cohabitation actée à l’hiver dernier, quelques mois après l’arrivée de la famille du milliardaire Bernard Arnault à la tête du club. Les chiffres de cette entente n’ont pas été dévoilés. Mais l’ex-locataire du stade Charléty devra verser un loyer au maître de Jean Bouin.

« La saison prochaine, il est prévu que le Stade Français Paris et le Paris FC cohabitent à Jean Bouin »

Le Stade Français

« On a eu une réunion avec la direction. Elle nous a assuré qu’on serait toujours là, même si le club devait descendre en Pro D2 », relate Franck Lemann. Une information confirmée par Wilfried Benaourane.

Reste la difficile équation financière. Avec un budget évalué par la commission de contrôle des championnats professionnels (CCCP) à 46 millions d’euros en 2024, le Stade Français reste l’un des poids lourds du rugby français. Une relégation aurait de facto des conséquences sur les recettes, qu’elles soient issues des droits télévisuels, du sponsoring ou de la billetterie.

Dans ce contexte, le renouvellement de la concession, prévu en 2029, pourrait être intéressant à observer. Mais l’échéance reste lointaine. Pour sauver sa peau dans l’élite et s’affranchir de sombres scénarios, le club parisien dispose de deux rencontres.

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