Par
Rédaction Lille
Publié le
24 mai 2025 à 13h52
Dans l’esprit Fiesta de lille3000, des expositions sont toujours visibles à Lille (Nord), et ce jusqu’à la fin de l’été 2025. Détails.
L’esprit Fiesta se prolonge à Lille
Le Palais des Beaux-Arts, le plus ancien des musées lillois, propose une des grandes attractions qui devrait faire le plein de visiteurs. Réunissant tant de chefs-d’œuvre, elle est facile d’accès. Simple à comprendre grâce à sa scénographie et à un effort d’explication, par ses cartels et son accompagnement par audioguide. Elle a reçu le label de « projet d’intérêt national »
Un retour sur le passé flamand de notre région que Juliette Singer, la directrice du musée, reconnaît avoir souhaité depuis son arrivée en rassemblant quelques pièces des collections lilloises et en obtenant des prêts exceptionnels.
Le versant sombre de la fête
La fête flamande est largement connue. Le musée départemental de Cassel l’a pleinement mis en valeur avec l’exposition « Fêtes et kermesses au temps des Brueghel » en 2019, le plus gros succès du lieu à ce jour avec 53 000 visiteurs. On en a retenu l’aspect festif, de danses, de ripailles et de paillardises entremêlées. L’exposition de Lille creuse le propos et montre la fête comme exutoire et riposte à la peine, dans des temps troublés marqués par des guerres accompagnées de leur flot de pillages, rapt, viols, meurtres.
La plus belle démonstration se trouve probablement dans la correspondance en miroir que l’on doit à David Rijkaert III qui livre un « chagrin des paysans » et un « la joie des paysans ». Ce que Sabine Van Sprang Co, commissaire de l’exposition, attribue au dialogue dialectique entre le « Boerenuerdriet » (le chagrin) et le « Boerenvreud » (la joie). C’est pour conjurer la guerre et ses misères que des débordements festifs sont autorisés, marquant la réunion des survivants après les moments difficiles, pour cautériser les blessures.
Vidéos : en ce moment sur ActuJoyeuses entrées, parade, chars
Dans cette période où les accroches de nationalités sont incertaines, les fêtes données en l’honneur des princes qui viennent prendre possession d’une ville se font par l’intermédiaire d’une « joyeuse entrée » qui marque la rencontre entre le prince et ses sujets.
On y voit à l’œuvre la transformation profane des cérémonies religieuses, de la procession à la parade, du défilé des icônes religieuses à celui des géants. Des chars tirés par des buffles à ceux qui sont somptueusement motorisés, il n’y a souvent qu’un pas qui résonne encore aujourd’hui. On se dit que dès le XVIIe siècle, tout était inventé déjà. À la campagne, les fêtes votives autour de la Saint-Martin ou de la Saint-Georges, les kermesses campagnardes, les noces, les carnavals, témoignent d’une formidable envie du « vivre ensemble ».
Brueghel, Rubens, Jordaens
L’accroche est attractive, et si les Brueghel (l’Ancien et le Jeune) sont bien présents parmi les quelque 130 tableaux, on cherche PP Rubens et Jordaens, chacun représentés par une œuvre qui leur est attribuée, l’atelier de Rubens étant plus largement sollicité. Qu’importe pourtant la signature, la « patte » est bel et bien là, et on a l’occasion de voir d’authentiques chefs-d’œuvre présentés pour la première fois dans cet accrochage.
Une abondance trouvée dans les musées royaux de Belgique, et dont certains ont été restaurés pour la circonstance. Les commissaires ont puisé dans les collections de plus de 30 institutions muséales en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, Autriche, Espagne et Suisse qui ont accepté de prêter des œuvres qui permettent de raconter une partie de l’histoire de la Flandre.
Les collections de l’Hospice Comtesse
On n’oubliera pas de rendre l’Hospice Comtesse, « l’autre musée municipal de Lille ». Outre l’exposition temporaire estampillée Fiesta qui présente des œuvres contemporaines de 4 artistes, le parcours permanent s’achève par 3 tableaux signés par François Watteau, la procession de Lille en 1787 ; la fête du Broquelet et la braderie en 1800. À revoir avec le nouveau prisme proposé par Fiesta.
Jean-Michel Stievenard
Palais des beaux-Arts, Place de la République à Lille, ouvert de 10 h à 18 h, fermé le mardi et le lundi matin. Entrées : 8 € et 5 €.
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