Pouvant être facilement mis en ҄œuvre depuis une autoroute et donc relativement peu dépendant des infrastructures d’une base aérienne susceptible d’être visées par des frappes ennemies, le JAS-39 Gripen C/D du constructeur suédois Saab est l’avion de combat le plus approprié pour répondre aux besoins de la force aérienne ukrainienne.

Et cela d’autant plus que cet appareil, dont la maintenance n’exige qu’une formation technique minimale [elle peut être effectuée par des appelés sous l’autorité d’un technicien expérimenté, ndlr] est doté d’une suite électronique justement développée pour contrer les avions de combat et les défenses aériennes russes. En outre, il peut emporter le missile air-air à très longue portée Meteor ainsi que de l’armement antinavire.

Cochant pratiquement toutes les cases, le JAS-39 Gripen n’a cependant pas été considéré comme prioritaire pour renforcer la force aérienne ukrainienne, le F-16, de conception américaine, étant appelé à constituer l’épine dorsale de son aviation de combat, grâce aux dons des Pays-Bas, du Danemark, de la Belgique et de la Norvège.

Aussi, l’an passé, le gouvernement suédois suspendit son projet de céder une dizaine de JAS-39 Gripen à l’Ukraine, alors que des discussions à cette fin avaient été lancées au cours de l’été 2023.

« Les autres pays qui font partie de la coalition [F-16 pour l’Ukraine] nous ont exhortés à attendre avec le Gripen. […] Nos partenaires soulignent que l’introduction simultanée de deux systèmes de combat aérien est très complexe et qu’il convient désormais de se concentrer sur l’entrée en service du F-16 au sein de la force aérienne ukrainienne », avait en effet expliqué Pål Jonson, le ministre suédois de la Défense, en mai 2024.

Pour autant, cela n’empêcha nullement le président Macron d’annoncer, quelques jours plus tard, le don de Mirage 2000-5F à Kiev…

Quoi qu’il en soit, la cession de JAS-39 Gripen n’est que suspendue… Et la Suède a déjà livré à l’Ukraine suffisamment de pièces détachés pour assurer, ultérieurement, le soutien d’au moins quatorze appareils. Mais la coopération entre Stocholm et Kiev en matière d’aviation de combat est appelée à prendre une autre ampleur.

En effet, le 23 mai, le vice-ministre ukrainien de la Défense pour le développement de l’aviation, Oleksandr Kozenko, a rencontré une délégation suédoise emmenée par Thomas Lindén, le directeur des affaires ukrainiennes chez Saab.

D’après un compte rendu publié par le ministère ukrainien de la Défense; les discussions ont notamment porté sur la « modernisation des avions [de combat] de conception soviétique avec l’intégration d’une avionique avancée » de fabrication suédoise.

Cette « collaboration potentielle », a-t-il ajouté, concernerait les « radars avancés, les équipements défensifs et les systèmes de contre-mesure de guerre électronique ».

Le nombre d’avions potentiellement concernés est difficile à déterminer, faute d’avoir une idée précise de l’attrition subie par la force aérienne ukrainienne. Celle dispose encore de MiG-29 Fulcrum, de Su-24 « Fencer », de Su-27 « Flanker » et de Su-25 « Frogfoot ». Certains d’entre eux ont déjà été modifiés pour leur permettre d’emporter des munitions occidentales, comme l’AASM « Hammer », le SCALP/Storm Shadow ou encore l’AGM-88 HARM.

Cette coopération « sera mutuellement bénéfique car l’Ukraine améliorera les capacités de ses avions tandis que la Suède tirera des enseignements de l’expérience acquise grâce à leur engagement au combat », a fait valoir M. Kozenko.

Par ailleurs, les questions relatives au transfert éventuel de JAS-39 Gripen et de leur soutien ont également été abordées lors de cette rencontre.

Les participants « ont examiné les accords actuels et ont décrit les mesures à prendre si une décision politique favorable était prise pour transférer de nouvelles plateformes aéronautiques fabriquées en Suède », a conclu le ministère ukrainien.

Pour rappel, si la cession de Gripen a été suspendue, ce n’est pas le cas de celle de deux avions d’alerte avancée Saab 340 AEW&C [ou ASC 890] qui, équipés d’un radar PS-890 AESA [à antenne active] associé au système Erieye, peuvent détecter et suivre des aéronefs, des missiles ou encore des navires dans un rayon de 400 km. Le premier exemplaire promis a été livré à la force aérienne ukrainienne en avril dernier.