Il y a du vent et du soleil, ce samedi matin, tout en haut du boulevard de la Résistance, à Laxou. Un peu d’émotion aussi, et du monde, des papis avec les bérets bleus de l’aviation légère de l’armée de terre (ALAT), d’anciens militaires qui ont fait l’Algérie et peut-être l’Indochine.
Bref, une soixantaine de personnes massées devant l’immense croix de Lorraine en marbre rose, tous venus voir l’inauguration d’une esplanade au nom d’un célèbre résistant nancéien ayant participé à la libération de la ville : le colonel Roland-Pierre Legrand , mort le 28 avril 2018 , à 94 ans.
Résistant à 18 ans
Alors, vers 11 h 10, le maire de Laxou, Laurent Garcia , a commencé par prendre la parole : deux minutes pour rappeler qui était ce héros. « Un patriote dans le bon sens du terme, un résistant. »
Il a ensuite regardé une dame dans les yeux, au premier rang : « Vous pouvez être fière de l’homme que vous avez aimé. » C’était la veuve du colonel, Jocelyne Legrand, 81 ans et un sourire de jeune fille, « heureuse d’être là ».
De cet homme, ce mari, il en a ensuite été question avec Jean-Pierre Pesson , de l’Union nationale des associations de déportés et internés de la Résistance et des familles. Pendant trente minutes, il a retracé l’incroyable vie de Roland-Pierre Legrand : entrée dans la résistance à même pas 18 ans, chef des Forces françaises de l’intérieur (FFI) région C, leader d’une centaine d’hommes, participation à la Libération de Nancy.
Des histoires, il y en a plein, comme celle-ci : le 30 août 1944, il est chargé de couper le câble téléphonique de la ligne Paris-Strasbourg. Avec « Coco », résistant lui aussi, il monte à vélo avenue de Boufflers, où ils posent des explosifs sur plusieurs poteaux avant d’entamer le chemin inverse.
« Je suis bouleversée »
Dans la descente, ils tombent sur une patrouille de la Gestapo. Legrand veut utiliser son arme, l’autre l’en dissuade : sage décision, la police les laisse partir sans les fouiller. Après la Libération , Roland-Pierre Legrand poursuit dans l’armée où il est promu colonel : Algérie , Indochine. Puis il s’engage dans une autre mission : la mémoire.
Il était entre autres président du comité d’organisation du concours national du prix de la Résistance et de la Déportation.
Ce samedi, la cérémonie s’est finie vers 11 h 45 avec le dévoilement de la plaque de l’esplanade. Tout le monde s’est alors levé des chaises. Mentons relevés, regard fixé vers la plaque. La Marseillaise criait son refrain sur le sang impur. Quelques frissons. Sa veuve souriait encore, émue : « Je suis bouleversée. C’est un tel honneur. »