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24 mai 2025 à 17h14
De petits bonbons acidulées dans un sachet bien ordonné. Philippe le concède volontiers : « Je suis un gourmand maniaque ». Sur ses étals, un assortiment de mignardises bien proprement installées sur des nappes repassées. Avec, pêle-mêle, un globe terrestre reluisant, un étrange atome argenté ou encore plusieurs miroirs dorés. Plus sybilin, des caricatures en forme de poupées russes côtoient une lampe rouge et… Un moine en figurine. L’éclectisme effraie peu cet homme à la capillarité sans fioriture et à la barbe impeccablement soignée. Depuis une dizaine d’années, le vendeur a choisi de s’installer rue de Bretagne, dans le 3e arrondissement de Paris, au cœur du printemps, pour prendre part à l’une des plus emblématiques brocantes de la capitale. Jusqu’à ce dimanche 25 mai 2025, des milliers de personnes investissent le Marais, creusé de sa rue Perrée, sa rue Augène-Spuller, sa rue Caffarellli, sa rue du Petit-Thouars et sa rue de Picardie. Objectif, repérer la bonne affaire.
Des centaines de vendeurs professionnels
Car cette brocante, composée de 300 exposants, a peu d’équivalent. « Regardez, à côté, il vend totalement autre chose », tranche Hervé. Moi, j’ai des anciennes blouses d’usine et des vestes militaires. C’est la diversité qui fait la force de la brocante. Et globalement on en a pour tous les prix », résume-t-il.
Avec trente ans d’expérience, ce grand gaillard ferait presque figure de vieux loup de la fripe. « J’ai mes petites entrées aux puces de Saint-Ouen. Je sélectionne, puis je revends. Voilà le résultat », expose-t-il devant son stand. Loin du vacarme du célèbre marché audonien, il respire. « C’est ma récréation ! », clame-t-il.
Un vieux panier de basket vendu en jeu pour enfants. Peu commun. (©AG/ actu Paris)
Ce samedi 24 mai 2025, la douceur s’est invitée sur les trottoirs du Marais. Touristes, passionnés de mode ou simples curieux flânent sous un ciel grisâtre. Rue de Bretagne, un rubik’s cube géant semble retenir l’attention de quelques uns. « Les photos, c’est interdit ! », s’exclame le vendeur. Un message peu respecté. Plus loin, devant la mairie de Paris Centre, des canapés hauts de gamme dégagent une forme esthétique. Comptez plusieurs milliers d’euros.
Philippe tient un stand à la brocante depuis une dizaine d’années. (©AG/ actu Paris)
Matilda a, elle, pris le parti de se rendre rue Caffarelli. Les prix y sont plus abordables. En quête « d’authenticité », la jeune femme se montre scrupuleuse sur la qualité. « Je cherche des pièces rares et à la confection artisanale, comme des chaussures ou des meubles », explique-t-elle.
« Cette brocante est vraiment géniale pour ça. La sélection est fine comme nulle part ailleurs »
Matilda
Une amatrice de brocantes
La seconde main désormais hégémonique
Dans cette brocante, le neuf subit les assauts de la seconde main. Un phénomène devenu fait social ces dernières années. Selon une étude du cabinet spécialisé en marketing Enov, le marché représente 7 milliards d’euros en France et 64 milliards dans le monde, soit une croissance de 15 % en 2024. Dans la capitale, les boutiques ont également fleuri.
Un projecteur de la Tour Eiffel de 1940 à 1968, assure le vendeur. Vraiment ? (©AG/ actu Paris)
Pour Philippe, cette résurgence du « vintage » reconfigure le secteur de la vente. « On est obligés de s’adapter à cette donne, sinon on disparaît », affirme-t-il. Certains n’hésitent pas à spéculer sur les produits recherchés. « Moi, je vends une blouse à 30 euros. J’ai vu la même à 130 euros quelques rues plus loin », indique Hervé.
Nonobstant les dérives marchandes, la solidarité reste imprégnée dans cette brocante. Surtout entre habitués.
« C’est un petit monde. Tout le monde se connaît. On galère souvent. Quand il pleut ou qu’il fait froid, on doit venir, ça forge »
Un vendeur habitué de la brocante
Il reste encore quelques heures pour écouler le stock. Ce sera peut-être aux enfants de revêtir les habits d’acheteur. Une brocante leur est spécialement dédiée ce dimanche 25 mai, de 8h30 à 16h30.
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