Si le lecteur s’attend à puiser, dans cette collaboration inédite entre l’éditeur mulhousien Médiapop et les petites plumes d’Alsace Nature, un inventaire à la Prévert de soixante ans de luttes écologiques, de vigilances, de blocages et de succès, il se fourvoie. L’occasion aurait pu s’y prêter. Mais le parti pris de cet ouvrage a été d’écrire à contre-courant de ce que l’on pouvait attendre. Donc d’écrire sur… nous.

Un atelier d’écriture à Strasbourg

« Il apporte un autre regard, enraciné dans l’intime, de cette relation profonde que nous entretenons et devrions entretenir avec la nature. Elle n’est pas extérieure en nous, elle est en nous et nous façonne aussi », illustre Michèle Grosjean, présidente actuelle d’Alsace Nature. « Retrouver la part sensible de la nature en nous, mettre en évidence le fait qu’elle vit et agit en nous, et est une clé indispensable de notre humanité », complète Gérard Freitag. Le Sainte-Marien est le coordonnateur d’un travail participatif réalisé au Centre d’initiation à la nature et à l’environnement (Cine) de Bussière, à Strasbourg. Une vingtaine d’auteurs ont en effet participé à ce travail d’écriture auréolé des illustrations fines de Fanny Delqué.

Environnement : nom commun, par trop commun, qui place l’humain au centre de toute chose. Nature : nous, plus les plantes plus tous les autres êtres vivants. Et même les pierres, les paysages, l’humus. Comment pourrait-il en être autrement, la nature nous inspire tant. Les chercheurs ne parlent-ils pas d’“exposome” pour désigner, en évoquant les pollutions, le fait que ce qui touche la nature finit par toucher l’humain ? On est un tout.

La nature est ce puits sans fond, mais dans lequel se mire notre visage. Haïkus, poésies, récits et autres étapes éclairantes en sont une belle illustration. On s’y plonge, on y grappille matière à fleurir le jardin et à ouvrir les yeux sur la forêt. C’est frais et délicat comme une fleur ivre de rosée.

Alsace Nature à livre ouvert , Médiapop éditions, 110 pages, 20 €.