Elle s’appelait Ayden et était âgée de 7 ans. Mardi, sa courte vie s’est arrêtée dans une clinique de Papeete, la capitale de la Polynésie française, sur l’île de Tahiti. C’est là que sa famille d’accueil l’avait amenée quelques heures plus tôt. Les soignants n’avaient rien pu faire pour la sauver et l’enfant était décédé. L’autopsie d’Ayden avait révélé de graves maltraitances et une importante dénutrition. Son corps était couvert de bleus et présentait des hématomes importants à l’avant et à l’arrière du crâne ainsi qu’au thorax. Le lobe d’une oreille avait été arraché. Sa maigreur extrême suggérait qu’elle ne s’était pas alimentée, ou très peu, pendant les semaines qui ont précédé son décès.

En garde à vue, l’homme avait reconnu avoir porté des coups de bâton à la fillette. Il a été mis en examen et placé en détention. Tout comme sa compagne, poursuivie pour « violences habituelles sur mineur ayant entraîné la mort » et « privation de soins ou d’aliments suivie de mort ».

Son frère et sa sœur également violentés

D’après la procureure de la République de Papeete Solène Belaouar, le couple a aussi été mis en examen pour « violences habituelles » sur le frère et la sœur d’Ayden. Agés de 8 et 5 ans, les deux enfants ont été placés en foyer. La fratrie avait été retirée cinq ans plus tôt aux parents biologiques à la suite de violences conjugales.

Cette affaire soulève des questions sur le suivi des enfants placés à la fois par la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité (DSFE) en Polynésie et par l’institution scolaire, que la fillette ne fréquentait plus depuis plusieurs semaines.

Pas assez de places pour les enfants

La vice-présidente de la Polynésie française, Minarii Galenon, également ministre des Solidarités de la collectivité ultramarine, a reconnu sur la chaîne locale TNTV « une faille » et un manque de familles d’accueil et de moyens humains dans les services sociaux. En Polynésie française, territoire de 280.000 habitants, 2.526 mineurs sont sous mesure d’assistance éducative et 882 placés en familles d’accueil ou dans des foyers.