Par
Rédaction Lyon
Publié le
25 mai 2025 à 7h06
Le tribunal correctionnel de Lyon a condamné ce lundi 12 mai 2025 un des six Albanais qui avaient laissé pour mort un motard de 21 ans à Saint-Fons (Rhône) après l’avoir percuté à plus de 180 km/h sur l’autoroute au volant d’une Porsche Panamera.
« Aller faire un tour en voiture »
Le 23 mars 2024, vers 4h du matin, les six Albanais s’étaient retrouvés pour « aller faire un tour en voiture » : Marjan X. avait pris le volant de cette voiture de sport qu’il venait d’acheter alors qu’il n’avait pas le permis de conduire…
Avec Juxhina X., Emanuela X., Sanije X., Samanta X. et Emiljano X., âgés de 23 à 28 ans, ils avaient pris la route « sans savoir où aller ».
Lancés à « vive allure », ils s’étaient retrouvés sur l’A7 et, à hauteur de Saint-Fons, avaient donc percuté Liam X., le jeune motard.
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Le motard dans le coma plusieurs jours, le chauffard en fuite
Plusieurs voitures s’étaient arrêtées à la hauteur de la victime, en état d’urgence absolue. La Porsche Panamera, elle, avait été retrouvée « 300 mètres plus loin » avec personne à bord. Les airbags étaient toutefois « déclenchés », le pare-brise « défoncé » et des « impacts » se trouvaient sur « l’aile avant droite » a-t-il été rappelé lors de l’audience publique.
Évacuée par les pompiers, Liam X. avait été placé dans le coma pendant plusieurs jours, et n’était sorti du centre de rééducation que quelques mois plus tard : il s’était vu prescrire 120 jours d’interruption totale de travail (ITT). Ce n’est que quelques jours après l’accident qu’Emanuela X. avait été identifiée par les forces de l’ordre : la jeune femme avait passé un appel aux secours quelques minutes après le drame pour les avertir d’un « accident sans victime ».
Le conducteur en fuite en Albanie
Elle avait ensuite livré le nom de ses amis, qui avaient tous reconnu les faits. Ils étaient donc jugés ce lundi 12 mai 2025 par le tribunal correctionnel de Lyon pour « non-assistance à personne en danger ». Marjan X., le conducteur qui avait été interpellé après avoir pris la fuite en Albanie, était également poursuivi pour « blessures involontaires ».
Les experts avaient, en effet, conclu que l’accident avait été causé par la « vitesse » excessive de la Porsche Panamera, qui roulait à plus de 180 km/h sur une portion « limitée à 70 km/h ».
La « conduite dangereuse » de Marjan XXX avait également été mise en cause : l’exploitation des images de vidéosurveillance avait révélé qu’il avait percuté un premier véhicule avant de faucher Liam X.
Malgré tout, Marjan X. assure ne pas avoir vu une « personne » sur la moto – tout en reconnaissant avoir vu « que c’était une moto ».
« Mais une moto, ça ne se conduit pas tout seul », lui avait objecté le président du tribunal correctionnel de Lyon.
Le chauffard déjà condamné pour sa conduite dangereuse
Le prévenu avait par ailleurs déjà été condamné à quatre reprises, notamment pour plusieurs « délits routiers », a fait observer le magistrat. Le bracelet électronique qui lui avait été posé suite à une condamnation pour trafic de stupéfiants lui avait par ailleurs été retiré « vingt jours » avant l’accident.
Les autres passagers, eux non plus, n’avaient pas « vu l’accident » : Emiljano X. a « senti un gros choc », rien de plus.
Samanta X., qui assure avoir la « phobie de la vitesse », avait « fermé les yeux » tout le long de la route. Lors de l’impact, elle pensait « avoir percuté une barrière », tout comme son amie Juxhina X.
Seule Emanuela X. avait évoqué la possibilité d’avoir renversé un motard, mais « personne ne l’avait crue », avait-elle assuré lors de l’instruction. Elle n’était pas présente à l’audience pour défendre sa version des faits.
Six ans de prison pour le chauffard
Les prévenus avaient par ailleurs bien tenté de « revenir sur les lieux de l’accident » après l’impact. Mais « en pleine nuit, il fait noir, il y a de la circulation et ils sont en état de choc », avait plaidé l’avocat de Marjan X.
« Remonter 500 mètres d’autoroute sur la bande d’arrêt d’urgence » aurait donc été, selon lui, trop dangereux puisque « le temps de survie d’un piéton sur une autoroute est de 1 à 3 minutes ». Les prévenus n’avaient donc pas « d’autre solution que d’appeler les secours, et ça a été fait », a-t-il souligné.
Des prévenus restés « passifs » lors de l’accident grave
« En termes de responsabilité morale, le dossier est évident », avait-il ajouté. Mais « en termes de responsabilité juridique, il y a des subtilités », a résumé l’avocat d’Emanuela X. Tous les avocats de la défense avaient donc plaidé la relaxe des six prévenus sur ce point de « non-assistance à personne en danger ».
Mais « ils sont restés passifs face à une situation de péril imminent », avait objecté la procureure de la République. Un « ami » était venu les récupérer sur les lieux de l’accident et ils avaient ensuite repris la route, toujours à six dans le véhicule, a-t-elle rappelé.
« Le conducteur encourt quatorze ans de prison, les passagers cinq », a-t-elle également rappelé.
À la barre, visiblement émus, tous avaient présenté leurs « excuses » à la victime et à sa mère, également présente à l’audience, pour cet accident « involontaire » qui « ne devait pas arriver ». Tous avaient pris la fuite en raison de la « peur » et de « l’effet de groupe », ont-ils expliqué.
« Plus aucun souvenir de l’accident »
Liam X., lui, assure n’avoir « plus aucun souvenir de l’accident ». Mais la vie de ce jeune pâtissier a basculé ce jour-là : il avait été embauché chez Amaury Guichon, célèbre pâtissier-chocolatier aux États-Unis.
Ce « dramatique accident » a mis un terme à ses rêves : sa vision « à droite » est réduite, il conserve des « plaques » dans les cervicales et se déplace aujourd’hui encore avec des béquilles. Se tenir debout lui est d’ailleurs particulièrement pénible, ce qui l’empêche de continuer à travailler et ce qui « l’isole socialement ».
Relaxés pour « non-assistance à personne en danger »
Le tribunal correctionnel de Lyon a finalement relaxé tous les prévenus du chef de « non-assistance à personne en danger ».
Mais Marjan X. a, malgré tout, été condamné pour « blessures involontaires aggravées » à six ans d’emprisonnement assortis d’un maintien en détention.
À sa sortie de prison, il aura également l’interdiction de conduire tout véhicule terrestre à moteur pendant deux ans. Contrairement à ce qu’avait requis la procureure de la République, Marjan X. n’a cependant pas été définitivement interdit du territoire français.
« Sa famille est victime d’une vendetta en Albanie », avait rappelé son avocat à ce sujet.
MJ (PressPepper)
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