S’il affirme se mettre à nu dans ses morceaux, Zamdane confie que c’est encore plus vrai dans son documentaire Histoire de la vraie vie. Un exercice loin d’être évident pour lui, qu’il décrit même comme « inconfortable ».
Mais, ce qui a donné envie au jeune homme de 27 ans de mettre sa pudeur de côté le temps de cinquante minutes, c’est l’idée de se dévoiler à ses auditeurs. Il explique : « Le public mérite d’en savoir plus. J’ai envie qu’on comprenne un peu mieux qui je suis, qu’on comprenne mieux ma musique ». Aussi, le rappeur espère que ce travail sera source d’inspiration et de motivation, autant pour ceux qui l’écoutent que pour les artistes en devenir.
Une immersion dans sa réalité
En effet, le Franco-marocain a dû faire preuve de résilience, de persévérance mais aussi de beaucoup de courage avant d’en arriver là où il en est aujourd’hui. Il quitte Marrakech et pose ses bagages à Marseille en 2015, à l’âge de 17 ans, où il s’imprègne de la scène rap locale. Le début de sa carrière est bousculé par des événements tragiques, qui ont façonné sa musique.
Plus récemment, Ayoub Zaidine de son vrai nom, a été victime d’un grave accident de voiture, dont il a encore du mal à parler. Si ses deuils, pertes et accidents sont évoqués dans le documentaire, il le fait toujours avec discrétion.
« D’abord tu expérimentes l’ombre, après tu vois la lumière », explique Zamdane dès les premières minutes de son documentaire. Lui qui connaît aujourd’hui une existence lumineuse souhaite aider : « À quoi ça sert d’avoir toute cette exposition médiatique […] si tu utilises ton nom que pour ton profit personnel ? ». Très engagé aux côtés de l’association SOS Méditerranée, qui porte secours aux migrants partis en mer, le rappeur a organisé, à deux reprises à Marseille, un concert rassemblant des artistes variés, dont les fonds ont été reversés à l’organisation.
C’est un projet en lien avec son histoire, qu’il évoque avec fierté, et met en lumière dans son film documentaire. « C’est important parce que c’est quelque chose qui est omniprésent dans nos cultures et nos peuples, de voir des gens partir et ne pas revenir », raconte le jeune Franco-marocain qui a connu ce parcours de migrant.
L’art comme « devoir de mémoire »
Sa famille est essentielle à sa vie. C’est avec les yeux pétillants que l’artiste, qui se qualifie lui-même « d’homme de famille », en parle : « On a tous vécu la même base, donc on se sait, on se comprend et ça crée une émotion collective ». Sources d’inspiration pour sa musique, ses proches occupent une place primordiale dans son documentaire. Mais pour lui, la famille ne s’arrête pas aux liens du sang : « Quand on parle de famille, on parle d’amis aussi. Ce sont ceux que j’ai laissés derrière moi, ceux qui n’ont pas eu la même chance. C’est un devoir de mémoire ».
Alors, sans tout à fait le choisir, ces éléments de vie qui teintent le quotidien de Zamdane sont dépeints dans son nouvel album Rahma, au travers de titres comme À quel prix ?, Beretta ou Désolée Mama. Quand on l’interroge sur son écriture, il répond sans hésiter : c’est plutôt l’instinct qui le guide. Pour autant, il avoue que lui et son équipe ont veillé à ne rien laisser au hasard.
À commencer par le titre de l’album, Rahma (qui signifie en arabe miséricorde) : « J’aime donner un prénom à un projet, pour moi c’est une façon de le personnifier, que ce ne soit pas juste un objet banal, mais qu’il ait une identité ». Des feats jusqu’aux mélodies, le rappeur l’affirme, c’est le projet dont il est le plus fier. Il y mêle notamment sa voix à celle de l’incontournable SCH, ou encore de la révélation féminine de l’année, Solann.