Le ton a changé. « Cédric Arcos* nous a directement interrogés sur ce que nous pourrions faire en plus de l’angine et de la cystite. Nous avons été surpris : d’habitude, c’est nous qui allons au-devant des pouvoirs publics », relate Pierre-Olivier Variot. Le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) s’est présenté au cabinet du Premier ministre avec une feuille de route structurée : des missions immédiatement mobilisables pour fluidifier les parcours de soins.
Sept missions prêtes à déployer
1. Prescription de contraception après pilule du lendemain
« De nombreuses femmes qui viennent chercher une pilule du lendemain n’ont aucune contraception régulière. Certaines en font même un mode de contraception, ce qui est inefficace et risqué », alerte Pierre-Olivier Variot. Le pharmacien pourrait proposer une contraception hormonale immédiate, sur le modèle québécois, et organiser un rendez-vous médical pour assurer le suivi.
2. Prise en charge des conjonctivites
Virales, bactériennes ou allergiques, les conjonctivites sont fréquentes et souvent bénignes. Les pharmaciens pourraient les prendre en charge, y compris en délivrant des collyres antibiotiques, comme ils le font déjà pour les cystites et les angines.
3. Traitement des douleurs dentaires
Une antibiothérapie initiée à l’officine éviterait un premier passage chez le dentiste. « Le patient consulterait ensuite avec une plaie propre, plus simple à traiter. Nous avons déjà de nombreux protocoles locaux : il suffirait de les nationaliser. »
4. Retrait de tiques
Les pharmaciens pourraient assurer l’extraction de tiques et initier une antibioprophylaxie si nécessaire. « Une intervention rapide permettrait de limiter le risque d’infection, notamment par la borréliose de Lyme. »
5. Soins de plaies simples
Entorses, éraflures, petites plaies : les pharmaciens sont souvent sollicités pour des blessures bénignes. « Nous devrions pouvoir désinfecter, poser un pansement, et orienter vers les urgences si la situation l’exige », défend Pierre-Olivier Variot.
6. Délivrance de kits de dépistage
L’USPO propose d’élargir la gamme des dépistages accessibles en pharmacie. Au-delà du test de dépistage du cancer colorectal, elle revendique la distribution de kits d’autoprélèvement du papillomavirus, ainsi que de tests pour la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).
7. Vaccination du voyageur
La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) défend la compétence vaccinale des officinaux pour les voyageurs, y compris en contexte ultramarin. L’exemple du chikungunya à La Réunion est édifiant. Il a fallu en passer par la loi pour que le pharmacien puisse vacciner. « Le circuit de dispensation prévu – a fortiori lors d’épidémie – pour le vaccin est incohérent. Le pharmacien est formé à l’acte vaccinal. Ce qu’on attend de lui, c’est qu’il vaccine. Pas qu’il coche des cases dans Excel. »
Une volonté partagée à l’Assurance maladie
Lors de la onférence de présentation de l’étude d‘Interfimo sur les prix de cession des officines en 2024, mardi 1er avri, Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de la Caisse nationale de l’Assurance maladie, a également lancé un signal positif : « Je souhaite que les missions du pharmacien s’élargissent. » Une déclaration qui confirme que la fenêtre politique reste ouverte pour accélérer le virage.
* Chef du pôle santé, cabinet du Premier ministre