Fleuron de l’Art-Déco, L’Escurial et sa salle décorée de fresques à l’inspiration gréco-romaine offrait 1 400 fauteuils. Fermée à la fin des 1970, elle fut la plus belle salle de la Côte d’Azur.
Photo Ville de Nice.
Ce 28 février 1896, les photos animées qui apparaissent sur l’écran de l’Eldorado, situé sur l’ancienne rue Garnier, ont été captées lors du Carnaval de Nice. Devant les yeux ébahis du public se dévoilent chars et personnages en mouvement. Le public qui vient de découvrir le cinématographe est conquis et le cinéma s’affirme immédiatement comme le grand divertissement populaire.
Dès lors, la Ville va se doter d’un réseau important de salles de projection. Peu à peu, théâtres et music-halls se reconvertissent, tandis que des salles neuves s’équipent pour la cinématographie. Le 11 novembre 1896, au 2 place Charles-Albert (actuelle place Masséna) un premier local projette les images des films Lumière. Devant l’affluence, une seconde salle, Le Movitographe, s’ouvre au 62 rue Gioffredo. Doté d’un nouveau système, il projette les premières images en couleurs.
Un film érotique diffusé au Casino de la Jetée
Au printemps 1897, le Casino municipal de la Jetée projette pour la haute société niçoise et à ses hôtes d’hiver Le Coucher de la Parisienne, premier film érotique en France. L’enthousiasme est total! En 1898, place Garibaldi, le public se presse au théâtre Politéama pour assister aux projections. Il faudra attendre 1911 pour que ses planches cèdent totalement la place aux écrans noirs et qu’il devienne une grande enceinte de 800 places avec balcon. Puis, s’ouvrent de nombreux lieux, notamment sur l’avenue de la Victoire (actuelle avenue Jean-Médecin) où se succèdent le Cluny, le Balzac, ou encore l’Actual-Palace qui, ouvert en 1919 est tour à tour devenu Palace-Cinéma, Parisiana, Cinéma de Paris, Paris-Palace et actuellement Pathé-Paris.
45 salles en 1965
À la fin de la seconde guerre mondiale, la ville compte une quarantaine de salles. Le maximum est atteint en 1965 avec 45 salles. Les plus belles et les plus vastes sont dotées de balcons et d’un toit ouvrant sur le ciel pour soirées estivales. À cette époque, il n’est pas encore question d’avoir plusieurs salles dans un même lieu.
Le premier multiplexe voit le jour en 1972 avec le rachat du Politéama par André Bemon, patron visionnaire. Il commence par scinder la grande salle en deux avec 200 places au balcon et 600 places en corbeille. En février 1978, Politéama devient le Mercury et passe à sept salles. Il est alors le premier multiplexe des Alpes-Maritimes. Fort de son succès, Bemon rachète, en 1980, un local situé dans l’angle de la place Garibaldi (actuel emplacement du Mercury), pour ouvrir trois salles supplémentaires dont une dédiée aux enfants, les mercredis après-midi. Avec dix salles, le Mercury devient le lieu privilégié du 7e art dans tout le département. Mais des concurrents ne tardent pas à s’installer.
Le Rialto d’abord, rue de Rivoli avec 5 salles, les Pathé-Masséna et Paris sur l’avenue Jean-Médecin, puis le Variétés, boulevard Victor-Hugo. Néanmoins en 1991, une baisse de fréquentation touche les cinémas. Devant la défection du public, en 2000 André Bemon se décide à vendre plusieurs salles du Mercury à la Ville de Nice qui va y installer la Maison des associations. Aujourd’hui, la ville compte une quarantaine d’écrans, répartis en cinq complexes multisalles.Nice, le Hollywood européen
Cette nouvelle industrie ne pouvait se développer sans studios de création. Nice se trouva rapidement partie prenante dans l’essor de ce nouveau créneau. Les plus grands réalisateurs du muet et du parlant vont dès lors choisir Nice comme décor. Les premières créations datent de 1897 lorsque les Frères Lumière filment le carnaval de Nice. En 1908, Pathé fut la première maison de production à installer des studios Route de Turin. Ils fermeront en 1930. En 1913, Gaumont s’installe à Carras. Ils y tourneront une dizaine de films, mais ne survivent pas à l’arrivée du parlant. En 1919, Louis Nalpas acquiert la villa Liserb à Cimiez pour produire La Sultane de l’amour. Le succès remporté par le film l’incite à faire de Nice le Hollywood européen. Il achète alors la propriété de la Victorine pour y installer ses studios. En 1921, les studios Iris s’installent à Saint-Laurent-du-Var et vont prendre de l’essor dès 1929 avec le parlant. Ils seront détruits sous les bombardements en 1944.
Des années 1920 à aujourd’hui, plus de 400 films ont été tournés ici par les plus grands studios tels Gaumont, Pathé, UGC, Artistes Associés… et autres indépendants. C’est ainsi que depuis plus d’un siècle, la Côte d’Azur, terre de villégiature de l’aristocratie britannique et russe, est également devenue terre d’accueil des professionnels du 7e art.
Le casino de la Jetée Promenade a fait découvrir le cinématographe à la haute société niçoise en projetant le premier film érotique de l’histoire du cinéma. photo carte postale ancienne.