« Avec le noir et blanc, on va à l’essentiel », rappelle celui qui après avoir officié dans l’édition et la formation a retrouvé son amour de jeunesse, la photographie.
Sa quête d’un paysage idéal a fléché son regard vers des lignes de crête, vaches, hirondelles et autres poésies pastorales. Si expos et livres lui ont fait battre campagne souvent en couleur, Michel Friz opte pour les nuances de gris quand il croise le cochon, qu’il qualifie comme son « animal totem ». C’était il y a dix ans. Presque un effet miroir : « C’est l’animal d’élevage qui est le plus proche de nous. Le cochon te regarde, il a un œil. Et puis comme le dauphin, il sourit aussi. »
Affinités aidant et usant du noir et blanc pour traduire au mieux cette proximité en termes d’intelligence et de sensibilité, il fait le tour d’élevages à taille humaine. Que ce soit à 100 m de chez lui à Fegersheim comme dans les Hautes Vosges. Et toujours avec cette même approche bienveillante qui lui permet de gagner la confiance des éleveurs et de comprendre toute l’utilité du cochon récupérateur “qui mange tous les restes”.
Dans le quartier des chiffonniers au Caire (Égypte), on le surnomme même “le nettoyeur”. Mais Michel Friz n’a pas eu besoin d’aller aussi loin pour dresser ce fidèle portrait d’un animal qui n’a pas toujours bonne presse. Redorer le blason de cette queue en tir bouchon.
Corpus porcus est comme un regain de dignité offert à « ce monde finissant ». « Ces 40 photographies, accompagnées de textes, ont été réalisées dans des élevages qui pour la plupart ont à ce jour disparu », observe ce témoin d’une époque quasi révolue. Michel Friz n’a « pas connu d’enfance à la campagne » et, par la même occasion, rattrape là le temps perdu.
Corpus porcus – Morceaux choisis, de Michel Friz, préface de Jacques Fortier, avril 2025, 26 €. Le livre peut être commandé auprès de l’auteur : michelfriz53@gmail.com