Déplorant le «sentiment de trahison» vécu par les agriculteurs, qui attendent toujours que «l’État tienne ses promesses», la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont lancé un appel à la mobilisation à Paris.
À quoi faut-il s’attendre à Paris, alors que les agriculteurs ont prévu de s’y retrouver ce lundi pour faire entendre leur mécontentement ? D’un commun accord, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et les Jeunes Agriculteurs (JA) ont en effet annoncé «un siège de la capitale pour une durée indéterminée» à partir de ce 26 mai. «Dès lundi matin, JA et la FNSEA seront devant l’Assemblée nationale» pour «exprimer le refus» de ce qu’ils considèrent comme une tentative d’«obstruction» de la proposition de loi portée par le sénateur LR Laurent Duplomb, mais fortement amendée par les députés LFI et Écologistes. Celle-ci vise en effet à «lever les contraintes» du métier d’agriculteur et prévoit notamment, pour cela, de réintroduire par dérogation l’acétamipride, un insecticide néonicotinoïde interdit en France depuis 2018 mais autorisé ailleurs en Europe jusqu’en 2033.
Ensemble, les agriculteurs entendent dénoncer ces amendements et doivent se retrouver place du Palais Bourbon, devant l’Assemblée nationale, dès 10 heures de matin, où doit débuter l’examen de cette proposition de loi. Mais la mobilisation s’annonce assez faible, alors que seul un convoi de 8 tracteurs partira des Yvelines, en Île-de-France, en direction de l’Assemblée nationale. «Les tracteurs stationneront toute la journée aux abords du Palais, et seront rejoints par 150 à 200 agriculteurs», nous précise-t-on ce dimanche. C’est là, en fin de matinée, que le président de la FNSEA devrait prendre la parole publiquement.
Les agriculteurs mobilisés, mais à distance
La manifestation sera «encadrée, parce qu’on ne veut pas de dérapages», a prévenu Arnaud Rousseau, prévoyant parallèlement «plusieurs milliers d’agriculteurs mobilisés en région, où les fédérations départementales, à leur initiative, ont déjà entrepris des actions ces derniers jours». «On est déterminés, on ne va pas nous la faire à l’envers», a de son côté fait savoir sur BFMTV Luc Smessaert, agriculteur et vice-président de la FNSEA, qui réclame des moyens pour continuer à travailler et produire des aliments de qualité. «On attend un signe des députés, sinon oui, la France sera debout pour réagir», a-t-il prévenu depuis son exploitation. L’agriculteur a néanmoins appelé à ne «pas bloquer les gens qui vont travailler ou qui souhaiteraient partir en week-end de l’Ascension».
Interrogé sur BFMTV sur la venue ou non des agriculteurs de Haute-Garonne lundi à Paris, Jérôme Bayle, éleveur de bovins et figure de la contestation agricole, a répondu par la négative. Il a précisé que les récents aléas climatiques touchant sa région avaient été catastrophiques pour les cultures et que les agriculteurs allaient donc «profiter du beau temps pour semer et rattraper ce qui peut l’être». Pour autant, il s’est dit «solidaire» du mouvement parisien, se disant prêt à «se remobiliser, comme en janvier 2024». «C’est notre survie et souveraineté alimentaire qui sont en jeu», a-t-il poursuivi. Et d’affirmer en avoir «marre que des députés décident de reculer sur toutes les avancées déjà obtenues».