Par

Romain Dameron

Publié le

24 mai 2025 à 18h50

Un tableau oublié, un nom effacé, mais un talent retrouvé.

Si l’église d’Auvers-sur-Oise (Val-d’Oise) a fait le tour du monde grâce au chef-d’œuvre peint en 1890 par Vincent van Gogh, on connaît moins la version du célèbre monument immortalisé par Léonide Bourges (1838-1909).

Tableau oublié

Et pourtant ! Longtemps reléguée aux marges de l’histoire de l’art, Léonide Bourges fut une contemporaine du maître hollandais, mais surtout l’élève de Daubigny.

Elle vivait à Auvers bien avant l’arrivée de Van Gogh et connaissait, elle aussi, le docteur Gachet.

Patience et fougue

L’histoire ne dit pas si les deux artistes se sont déjà rencontrés sur les bords de l’Oise ou au pied de l’église Notre-Dame de l’Assomption.

« Avec Van Gogh, elle ne partageait à peu près rien. Sa patience méticuleuse contraste vivement avec l’intempérance, la fougue de Vincent. Pourtant, ils sont attirés par les mêmes motifs, analyse Wouter van der Veen, historien d’art et spécialiste de Van Gogh. Serait-il possible que Léonide ait vu la grande toile de Vincent, et ait voulu proposer sa version personnelle ? Ou bien Vincent aurait-il vu le tableau de Léonide, et aurait-il trouvé l’angle séduisant ? Ou bien n’y a-t-il là qu’une coïncidence ? J’en doute fortement. »

Lors d’une vente aux enchères, l’historien a découvert puis acquis ce tableau de Léonide Bourges, en piteux état, troué et presque méconnaissable. 

Morceau d’histoire

Touché par ce petit « morceau d’histoire », Wouter van der Veen a pourtant eu le sentiment d’avoir trouvé une pépite.

Le tableau de Léonide Bourges a été repéré et acheté par l'historien d'art Wouter van der Veen.
Le tableau de Léonide Bourges a été repéré et acheté par l’historien d’art Wouter van der Veen. ©Département du Val-d’Oise

« Je l’ai vite montré à mes confrères, notamment du musée Van Gogh et du musée d’Orsay. Tout le monde s’est accordé à considérer qu’il s’agissait d’une jolie trouvaille et d’un joli mystère. L’angle choisi par Léonide est exactement le même que celui de Van Gogh, s’émerveille l’intéressé. Son église n’est pas aussi monumentale que celle de Vincent, et il ne s’agit pas ici de faire de l’un l’équivalent de l’autre. Mais au vu du parcours et de la position sociale de Léonide, célibataire, indépendante, à une époque où le mépris des femmes était gravé dans la loi, son tableau mérite d’être vu comme un aboutissement stylistique remarquable. »

Don au Département

Afin de procéder à la restauration de cette œuvre, Wouter van der Veen en a fait don au Conseil départemental du Val-d’Oise.

Cette toile, tout juste restaurée par Xavier Beugnot, a été dévoilée mercredi 14 mai, au château d’Auvers, où elle est désormais exposée.

« Ce nouveau tableau viendra enrichir nos collections et rendre un juste hommage à une artiste auversoise dont l’histoire ne lui aura pas accordé la reconnaissance méritée, confie Marie-Christine Cavecchi, la présidente (Lr) du Conseil départemental. La réputation d’Auvers-sur-Oise contribue à l’attractivité du Val-d’Oise, elle fait partie de notre identité collective. Au Département, justement, nous avons à cœur de préserver et de valoriser notre patrimoine. » 

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