«Un accord historique. » Le Royaume-Uni rétrocéder ce jeudi à l’île Maurice l’archipel des Chagos, tout en prévoyant le maintien d’une base militaire américano-britannique sur l’une des îles, dans cette région stratégique de l’océan Indien. « Il y a quelques instants, j’ai signé un accord pour sécuriser la base commune Royaume-Uni-États-Unis sur Diego Garcia. Ceci est absolument essentiel pour notre défense et notre renseignement et donc pour la sécurité du peuple britannique », a déclaré le Premier ministre Keir Starmer peu après une décision de justice ouvrant la voie à cet accord.
Le Premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, a salué une « grande victoire », estimant que l’île a ainsi « complété le processus de décolonisation qui a commencé avec l’accession de l’île à l’indépendance en 1968 ». Cet accord prévoit que le Royaume-Uni dispose d’un bail de 99 ans sur Diego Garcia – avec une option de prolongation – moyennant le paiement annuel de 101 millions de livres (120 millions d’euros), soit 3,4 milliards de livres (plus de 4 milliards d’euros) au total.
Un « acte d’automutilation »
Le dirigeant travailliste a martelé qu’il n’y avait pas d’« autre alternative » et que cet accord était le « seul moyen de maintenir la base à long terme ». Il a également rappelé le caractère « stratégique » de cette base utilisée notamment comme plaque tournante pour les bombardiers et navires à longue portée pendant les guerres en Afghanistan et en Irak.
« Le port, l’aérodrome et ses capacités avancées de communication et de surveillance offrent au Royaume-Uni et à ses alliés des capacités stratégiques cruciales », détaille le communiqué de Downing Street. Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a salué sur X un accord qui « assure une exploitation à long terme, stable, et efficace » de la base de Diego Garcia « essentielle pour la sécurité régionale et mondiale ». A l’inverse, la cheffe de l’opposition conservatrice Kemi Badenoch l’a qualifié « d’acte d’automutilation » qui va « exposer (le Royaume-Uni) à la Chine et ignore la volonté du peuple chagossien ».
Un demi-siècle de litige
Cet accord avec l’île Maurice, fruit de plusieurs années d’intenses négociations, met fin à plus d’un demi-siècle de litige. Les États-Unis paieront les coûts d’exploitation de la base, « qui sont beaucoup plus élevés que ceux que nous prenons en charge », a précisé le locataire du 10 Downing Street.
Londres avait accepté en octobre le principe de cet accord qui reconnaît la souveraineté de l’île Maurice sur l’archipel des Chagos. Le Royaume-Uni a conservé le contrôle des îles Chagos lorsque Maurice a obtenu son indépendance du Royaume-Uni en 1968. Environ 2.000 habitants de l’archipel ont été expulsés dans les années suivantes, notamment de Diego Garcia, où est installée la base militaire.