Quelle urgence a présidé à l’écriture de ce livre ?

La mécanique des atteintes à l’État de droit existe en Europe depuis plusieurs années et on la voit monter. On a vu basculer la Hongrie, la Pologne… L’envie d’écrire le livre s’est accélérée avec le deuxième mandat de Donald Trump, qui illustre tout ce que je pouvais penser et écrire depuis plusieurs années, à savoir la fragilité de la démocratie, même dans un pays où on la pensait très installée. On voit pour la première fois un président affirmer qu’il ne respectera pas les décisions de la Cour suprême, en allant jusqu’à refuser de les appliquer.

Estimez-vous le régime démocratique menacé ?

Le principe de la démocratie, indépendamment d’une élection, est fondé sur la séparation des pouvoirs. À partir du moment où l’exécutif allié au législatif tente un coup de force contre le judiciaire, vous sortez d’un régime démocratique. Ce qu’on voit aux États-Unis est l’illustration d’un avenir possible en France.

« Les états d’urgence ont également écorché l’État de droit »

Chez nous, les coups de canif à l’État de droit sont venus d’abord des partis républicains classiques, selon vous ?

Depuis le début du XXIe siècle, on voit en effet que, pour des raisons électoralistes ou de facilité, des idées ont été blanchies, comme celle de peines planchers qu’on voit resurgir actuellement, les interrogations sur la binationalité ou la légitime défense, toutes choses issues de la mécanique de la pensée d’extrême droite. Autre élément très important, les états d’urgence pour cause de terrorisme ou de crise sanitaire ont également écorché l’État de droit.