© CEVA Logistics – Entre Avignon et Lille les camions de marchandises peuvent se recharger rapidement à des stations relais.
Le premier corridor décarboné pour le transport routier de marchandises en France commence en Vaucluse. Entre Avignon et Lille, les camions qui roulent au gaz ou à l’électricité peuvent s’approvisionner dans des relais de recharge. Cette initiative, inspirée du modèle des anciens relais de poste où les cavaliers changeaient de monture, a été lancée en 2023, sur 900 kilomètres d’autoroute. Elle s’appelle l’European Clean Transport Network.
CEVA Logistics, Sanef et Engie testent cette opération de recharge des camions
Après 16 mois de test en conditions réelles, avec plus d’un million de kilomètres parcourus, CEVA Logistics, Sanef et Engie, les promoteurs du projet, évoquent une division par quatre des émissions de gaz à effet de serre et une réduction de 25 % du temps de transport des marchandises.
L’expérimentation « démontre la pertinence du modèle (…) et apporte dès aujourd’hui une réponse concrète, déployable à plus grande échelle, pour décarboner rapidement et significativement le transport routier de marchandises longue distance », a déclaré Olivier Storch, directeur général adjoint de CEVA Logistics, du groupe CMA CGM.
Arnaud Quémard, directeur général de Sanef, juge dans un communiqué que « ce modèle pragmatique, conçu pour se déployer rapidement et efficacement, ouvre la voie à une transition énergétique durable, et nécessite un soutien déterminé des pouvoirs publics pour aller plus loin » .
Avignon premier relais de recharge gaz et électrique des camions
Cette initiative s’appuie sur des stations relais équipées de bornes de recharge électrique et de pompes de biogaz. Pour cette expérimentation, le trajet entre Avignon et Lille a été divisé en quatre segments, avec cinq stations relais : Avignon, Lyon (Rhône), Dijon (Côte-d’Or), Sommesous (Marne) et Lille (Nord).
© DR – La carte des stations relais où les camions peuvent se recharger en gaz et électricité.
A chaque étape, les remorques sont décrochées puis raccrochées au camion tracteur du segment suivant, ce qui permet aux chauffeurs d’effectuer des allers-retours quotidiens sur un segment routier défini plutôt que d’avoir à parcourir de longs trajets.
« Les résultats sont déjà visibles : le temps de transport entre Avignon et Lille est passé de 23 à 17 heures. Les chauffeurs, eux, bénéficient d’un rythme de travail plus stable et plus humain. Ils effectuent des trajets courts, souvent proches de leur domicile, ce qui réduit la fatigue et améliore leur qualité de vie. Le modèle favorise ainsi une transition du transport national vers une organisation plus régionale », expliquent les partenaires.
Ce principe de boucle entre deux stations-relais permet à un poids lourd bas carbone de remplacer deux camions diesel traditionnels sur chaque segment. Ce changement d’organisation du transport longue distance permet également aux chauffeurs routiers d’avoir des horaires de travail plus réguliers, soulignent-ils.