De Mad Max à John Wick, en passant par Taken, Kill Bill, Gladiator, The Revenant, V pour Vendetta ou Impitoyable, on ne compte plus le nombre de blockbusters axés sur la vengeance. De préférence menée par un homme seul, séparé injustement de sa femme, son fils, sa fille ou son chien, bien décidé à aller jusqu’au bout malgré l’inefficacité du système et des forces de l’ordre. Rien de bien neuf sous le soleil hollywoodien, donc.
Tout au plus Charlie Heller possède-t-il un atout différent des autres : les nouvelles technologies à la place d’un revolver. Pirater des mails ou des caméras n’a plus aucun secret pour lui. L’accès à l’info peut lui donner un coup d’avance. Et l’électronique peut se révéler bien utile quand on est incapable de passer à l’action.
La suite ne réclame pas d’avoir étudié en boucle les films de Quentin Tarantino ou de Sergio Leone. Classique et ne lésinant pas sur les incohérences pour assurer le show, le scénario ne réserve pas beaucoup de surprises. Mais l’efficacité se trouve au rendez-vous. Les deux heures et trois minutes de projection passent sans aucun coup d’œil à sa montre, par la grâce d’une mise en scène rythmée, de quelques scènes extrêmement spectaculaires (celle de la piscine donne froid dans le dos) et d’acteurs très convaincants. Dans un registre plus proche de Mr. Robot que de Freddie Mercury, Rami Malek impose son style avec finesse et une pointe de cynisme, loin des habituels vengeurs bodybuildés capables de sauter du trentième étage et de retomber sur leurs pieds avec juste quelques légères et passagères douleurs dorsales.
Sans se révéler inoubliable, cet Amateur permet de s’évader et de se prendre à rêver d’aventures et d’espionnage le temps d’une séance de cinéma. Plutôt un bon choix pour oublier les soucis de la semaine.
« La mort d’une licorne » : oubliez les légendes sur leur gentillesse et leurs effets bénéfiques
Ne surtout pas être en retard. Voilà l’obsession d’Elliot Kintner (Paul Rudd), qui a même emmené contre son gré sa fille Ridley (Jenna Ortega) dans la prestigieuse demeure de son boss, au milieu d’une forêt protégée de presque toutes les intrusions humaines. Si tout se passe bien, c’est lui qui prendra la succession du PDG mourant, Odell Leopold (Richard E. Grant), avec l’aval de sa femme (Tea Leoni) et de leur fils (Will Poulter). Mais rien ne va se passer comme prévu, à cause d’un accident sur la route avec une… licorne.
Dans un premier temps, le sang de l’animal et la poudre de sa corne font des miracles en détruisant à la vitesse de l’éclair les cellules cancéreuses du CEO. Le sens des affaires de ce dernier reprend tout aussi vite vie : avec un tel cadeau du ciel, une fortune colossale s’offre à lui. Mais les légendes compulsées par Ridley mettent en garde contre les licornes, dont la cruauté peut largement égaler celle des humains.
Le scénario a le mérite de l’originalité. À l’instar des détournements horrifiques des personnages Disney, le réalisateur et scénariste Alex Scharfman transforme les mythiques licornes, symboles de pureté et de guérison, en créatures féroces, sans pitié, dotées de pouvoirs magiques tantôt miraculeux, tantôt terrifiants. Intelligemment, en faisant glisser le récit dans l’horreur (pas trop gore, tout de même), il insère des touches d’humour, des moments de pur délire et des références amusantes à Frankenstein. Un mélange détonnant pour mieux étriller l’hypocrisie mielleuse des milliardaires, l’absence totale de considération pour les autres en dépit de discours pseudo-humanistes, le danger des apparences ou l’absurdité des clichés moralisateurs véhiculés par les blockbusters hollywoodiens.
Même si certains « effets de surprise » sont très largement prévisibles et les discussions parfois redondantes, l’ensemble se révèle assez distrayant avec un petit côté potache des plus agréables. Un bon petit divertissement bien saignant au final, avec une Jenna Ortega toujours aussi épatante dans le registre frissonnant.