FOCUS – Fouillé à plusieurs reprises, le «cimetière» d’Émile Louis situé près du village de Rouvray, abrite encore aujourd’hui de nombreux mystères. Après la découverte de deux corps au début des années 2000, de nouvelles recherches sont attendues ce lundi 26 mai.
Une lueur d’espoir pour les familles des «disparues de l’Yonne» ? Lundi 26 mai, de nouvelles fouilles vont être organisées au «cimetière» d’Émile Louis dans l’Yonne. Aussi baptisé «le boucher de l’Yonne», Émile Louis est mort de vieillesse en 2013 à l’âge de 79 ans, dans la prison d’Ensisheim (Haut-Rhin). Cet ancien chauffeur de bus a été condamné à la réclusion criminelle pour l’assassinat de sept jeunes filles déficientes mentales, dans les années 1970 et 1980, pupilles de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass). Parmi les sept victimes, seuls deux corps ont été retrouvés au début des années 2000, ceux de Jacqueline Weis et Madeleine Dejust.
Vingt ans après son procès en 2004 aux assises d’Auxerre, de nouvelles fouilles avaient été organisées en septembre et octobre 2024. Cette nouvelle enquête porte notamment sur le cas de Marie-Jeanne Ambroisine Coussin, disparue en 1975 à l’âge de 40 ans, bien que pour le moment, le lien avec «le boucher de l’Yonne» n’est pas établi. «Nous n’avons pas à l’heure actuelle de preuve de son implication», indique Hugues de Phily le procureur d’Auxerre, qui précise que «l’idée est d’élucider les circonstances de la disparition soudaine de Mme Coussin, probablement dans ce secteur», dont le crâne a été découvert en 2018. Le procureur ajoute également que cette fois-ci, les fouilles se concentreront «dans un périmètre plus étendu» que les précédentes.
Présence de l’armée de terre
Mais qu’appelle-t-on exactement le «cimetière» d’Émile Louis ? Située près du village de Rouvray, dans le département de l’Yonne, au nord d’Auxerre, cette grande étendue de verdure bordée par la lisière des bois, a été le terrain sur lequel Émile Louis enterrait ses victimes. La découverte de corps ou d’ossements a notamment permis de faire avancer les investigations faisant lieu un élément central de ce fait divers qui a marqué la société française.
Les fouilles précédentes avaient permis de retrouver quelques effets vestimentaires datant des années 70 sans «pour autant être certain qu’ils appartenaient à la défunte (Marie-Jeanne Ambroisine Coussin NDLR)», nous explique encore Hugues de Phily. Pour ces nouvelles recherches, «de très gros moyens» sont mis en œuvre mobilisant notamment l’armée de terre «pour participer aux ratissages et aux excavations». Sur le plan financier, près de 100.000 euros ont été déboursés, financées exclusivement par l’autorité judiciaire, précise encore le parquet.
448 militaires seront engagés au cours des recherches, nous indique la gendarmerie. Les enquêteurs seront également appuyés par deux «opérateurs drones», deux techniciens en investigation subaquatique, quatre militaires de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) et au moins un expert en anthropologie.
Victimes violées et étranglées
Au début des années 2000, l’ancien chauffeur de bus avait tenté d’échapper aux mains de la justice grâce à la prescription. Croyant bénéficier d’une immunité totale, il avait avoué les sept crimes concernant les disparitions non élucidées de Françoise et Bernadette Lemoine, Chantal Gras, Jacqueline Weis, Madeleine Dejust, Martine Renault et Christine Marlot.
Il avait notamment conduit les enquêteurs sur les lieux, où il disait avoir enterré ses victimes après les avoir violées et étranglées, et avait désigné avec précision les sept emplacements. Mais un acte de procédure de 1993 a finalement permis à la chambre criminelle de sauver la procédure : le dossier n’était juridiquement pas prescrit. «Je regrette pour les familles mais je suis innocent», avait-il déclaré lors de son procès.