Pour les migrants venus du Moyen-Orient, souvent originaires de Syrie et d’Afghanistan, le voyage vers l’Europe est “douloureux et amer”, écrit Raseef22, à Beyrouth, au Liban. Infiltré dans un groupe de candidats à l’exil, le journaliste irakien Yahya Saeed est parvenu à se rendre clandestinement en Bulgarie.
Son récit au long court, document exceptionnel assorti de photos parfois difficilement soutenables, a été publié par le site panarabe en mars dernier. Le périple commence en Turquie. À partir d’Istanbul, les migrants “embarquent dans un véhicule jusqu’à la frontière avec la Bulgarie, moyennant une somme comprise entre 7 500 et 10 000 euros par personne”, explique un passeur syrien.
Barbelés et caméras
Ensuite, une autre voiture, habillée d’une fausse plaque d’immatriculation et conduite par un ressortissant étranger, les transporte jusqu’à la capitale, Sofia. “Chaque migrant doit débourser 5 000 euros. Le chauffeur, lui, reçoit 2 000 euros par passager”, relate Yahya Saeed.
De Sofia, cap sur la Serbie. Sur place, ils sont pris en charge par un “ripper”, mot anglais désignant “le guide qui connaît l’itinéraire à prendre” et “travaille sous la direction du passeur principal qui coordonne à distance”. Celui-ci les emmène à la frontière avec la Hongrie où se dresse devant eux le “til”, clôture de barbelés équipée de caméras à la frontière entre les deux pays.
Une fois en terres magyares, ils rallient la République tchèque via la Slovaquie ou l’Autriche, pour enfin gagner l’Allemagne.
À la merci des passeurs
Tout au long du périple, “la faim, la fatigue et le stress psychologique” s’accumulent, raconte l’un des compagnons d’infortune du reporter irakien. Sans compter la peur d’être pris par la police, réputée pour sa violence dans l’est de l’Europe, ou d’être enlevé par des gangs criminels.
Les migrants sont surtout à la merci de leurs passeurs, indique un ancien membre de réseau à Yahya Saeed. “Ce qui se passe aujourd’hui n’est plus du trafic au sens traditionnel du terme, mais de la traite d’êtres humains, dénonce-t-il. Pour le passeur, un migrant ne vaut rien de plus que 2 000 ou 3 000 dollars [entre 1 800 et 2 700 euros], ce n’est pas un être humain.”
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