Par
Inès Cussac
Publié le
9 avr. 2025 à 6h14
Le chapitre touche à sa fin. Dans trois mois, le 5 juillet 2025, l’aventure des Amarres se terminera pour les associations Aurore et Yes We Camp qui préparent les au revoir. Les deux organisations veulent réunir tous ceux qui ont participé de près ou de loin au projet d’occupation temporaire du bâtiment de 4 000 mètres carrés situé quai d’Austerlitz à Paris (13e) et dont les travaux de réhabilitation vont commencer cet été.
Les acteurs, les bénévoles, les membres d’associations et de collectifs, les artistes… « Tous les copains » qui ont œuvré dans ce tiers-lieu aussi solidaire que festif doivent se réunir dans les prochaines semaines pour « célébrer ce qu’il s’est passé ici » avant le point final. Le public aussi est invité à partager ces derniers moments à l’occasion « de la plus grosse fête des Amarres » qui se tiendra entre la fin juin et le début juillet.
Le temps du bilan
Depuis 2022, une trentaine d’associations -aussi appelées les « colocs »- ont installé leurs bureaux et assuré un accueil de jour pour aider près de 400 personnes en situation de précarité. Le contrat d’occupation des lieux était prévu pour deux ans avant d’être rallongé jusqu’à l’été 2025. Certaines organisations ont déjà trouvé de nouveaux espaces où s’installer. D’autres tâtonnent encore. « À la base, on voulait bouger tous ensemble avec la communauté des Amarres. Mais c’est très difficile de trouver un lieu », indique Axel Henry, chargé de la programmation du site.
« En ce moment, c’est la grosse émulation », rapporte Lou Merciecca, responsable de projet événementiel. Les associations doivent chercher de nouveaux locaux et préparer les bénéficiaires à cette fermeture. « C’est le temps du bilan de ces trois ans d’action et de la préparation de la suite pour que le modèle perdure », explique-t-elle.
Aurore, qui œuvre pour l’insertion et l’hébergement d’urgence, et Yes We Camp, association spécialisée dans l’aménagement temporaire de lieux divers, avaient déjà créé un espace solidaire en 2014. C’est à elles que l’on doit Les Grands Voisins, tiers-lieu installé durant cinq ans dans les bâtiments abandonnés de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul (14e). « Il s’est passé quelque chose aux Amarres. Au niveau de la programmation, l’axe est beaucoup plus engagé, militant […]. C’est peut-être dû à l’urgence de la lutte », explique Lou Merciecca qui regrette « une page qui se tourne ».
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L’accueil de jour pérennisé
Depuis sa création en 2022, Les Amarres a vécu au rythme des actualités politiques nationales et internationales. La loi immigration ou le retour des talibans en Afghanistan ont marqué ce lieu empreint de justice sociale pour les personnes issues de l’immigration notamment. « Pour les collectifs, nous étions comme un refuge, une base arrière pour les manifestations et les célébrations », se souvient Lou Merciecca. Un documentaire doit par ailleurs voir le jour au mois de septembre pour retracer toute l’histoire des Amarres.
Le lieu ne devrait toutefois pas perdre son aspect social grâce à Haropa Port et Sogaris qui souhaitent pérenniser l’accueil de jour avec Aurore. Les travaux doivent commencer cet été pour deux ans et demi afin de réhabiliter l’espace et en faire un « hôtel logistique connecté ».
Le site gardera le nom des Amarres et continuera de proposer une programmation culturelle et événementielle « dans la continuité des activités portées historiquement par le site », assure Sogaris. « C’est sûr, ça sera différent, prévient Axel Henry. Mais il restera tout de même la volonté de garder de la mixité sociale avec un projet hybride. »
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