Un immeuble de Kiev détruit après une attaque de drone, le 25 mai 2025, en Ukraine ( AFP / Sergei SUPINSKY )
L’Ukraine a subi une attaque impliquant le nombre record de 355 drones dans la nuit de dimanche à lundi, après un week-end de frappes massives au cours duquel Donald Trump a accusé Vladimir Poutine d’être « complètement fou ».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé lundi « l’impunité » de la Russie, qui envahit depuis trois ans son pays et occupe 20% de son territoire.
« C’était déjà la troisième nuit d’affilée de terreur russe combinée – avec des drones d’attaque et des missiles », a-t-il souligné sur les réseaux sociaux.
« Seul un sentiment d’impunité totale permet à la Russie de porter de tels coups et d’en augmenter constamment l’ampleur », a ajouté M. Zelensky, exhortant les Occidentaux à renforcer leurs sanctions afin de « priver » Moscou des ressources pour continuer la guerre.
Des pompiers interviennent sur un incendie dans des maisons endommagées par une frappe russe dans la région de Kiev, le 25 mai 2025 en Ukraine ( AFP / Sergei SUPINSKY )
A Kiev, le bruit fait par les drones et les tirs de la défense antiaérienne a résonné pendant l’alerte qui a duré plus de six heures, jusqu’au petit matin, ont constaté des journalistes de l’AFP.
L’un d’eux a entendu des explosions, avant d’observer la destruction en plein vol d’un drone et la chute de ses débris incandescents sur la ville.
– « Surcharge émotionnelle » –
Dimanche, peu avant ces dernières attaques, le président américain a durci le ton contre Vladimir Poutine, dont il a cherché à se rapprocher ces derniers mois.
« J’ai toujours eu de très bonnes relations avec (le président) russe Vladimir Poutine mais quelque chose lui est arrivé. Il est devenu complètement FOU ! », a écrit M. Trump sur le réseau social Truth Social.
Il est en revanche resté évasif sur toute action concrète visant la Russie, répondant simplement dimanche soir « absolument » à une question sur la possibilité d’aggraver les sanctions américaines.
Donald Trump veut une fin rapide de la guerre entre Kiev et Moscou. Mais, malgré son optimisme affiché encore le 19 mai après une conversation téléphonique avec son homologue russe, les bombardements se sont intensifiés avec 13 morts côté ukrainien dimanche matin.
Portraits, de gauche à droite, des présidents ukrainien Volodymyr Zelensky, américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine ( AFP / Drew ANGERER )
Le Kremlin a répondu lundi en attribuant les propos du président américain à une « surcharge émotionnelle ».
« Le président Poutine fait ce qu’il faut pour assurer la sécurité de la Russie », a commenté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, au cours de son briefing quotidien, notant les « efforts » de l’administration Trump qui ont poussé les belligérants se rencontrer à Istanbul à la mi-mai.
« C’est un moment important, qui s’accompagne d’une surcharge émotionnelle pour tout le monde et de réactions émotionnelles », a estimé M. Peskov.
Le chef de l’Etat français Emmanuel Macron a quant à lui espéré que la « colère » de Donald Trump qui a, selon lui, réalisé que Vladimir Poutine lui avait « menti », se « traduise en actes » et dit vouloir qu’une « date butoir » soit fixée à la Russie pour un cessez-le-feu.
Dans le même temps, le chancelier allemand Friedrich Merz a jugé que le président russe considérait toute offre de discussions comme une « faiblesse ».
Il a aussi affirmé qu' »il n’y avait plus aucune limitation de la portée des armes livrées à l’Ukraine » de la part de ses principaux alliés occidentaux que sont Berlin, Washington, Londres et Paris.
« Cela signifie que l’Ukraine peut désormais se défendre, par exemple en attaquant des positions militaires en Russie (…), ce qu’elle ne faisait pas il y a quelque temps, à quelques exceptions près », a-t-il assuré.
« Une décision assez dangereuse », a rapidement réagi Moscou par la voix de M. Peskov.
– Défense aérienne en difficulté –
Photo prise et diffusée par le service de presse des services d’urgence de l’État ukrainien, le 25 mai 2025, montrant une femme en larmes à côté de sa maison endommagée par une frappe russe dans la région Khmelnytskyi, dans l’ouest du pays ( Service de presse des services d’urgence de l’État ukrainien / Handout )
L’armée russe a intensifié ces derniers jours ses bombardements aériens des villes ukrainiennes, mettant à dure épreuve la défense antiaérienne de ce pays qui commence selon des médias occidentaux, à manquer sérieusement de moyens pour repousser ces frappes.
L’attaque effectuée dans la nuit de dimanche à lundi a impliqué 355 drones, un « record » depuis le début de l’invasion, et neuf missiles de croisière, a affirmé l’armée de l’air ukrainienne.
« Nous avons besoin de moyens rationnels et moins coûteux pour les abattre », a déclaré à la télévision son porte-parole Iouriï Ignat.
Lundi, les neuf missiles et 233 drones ont été abattus, 55 autres ont été victimes d’un brouillage ou sont tombés sans faire de dégâts, a assuré l’armée de l’air.
Aucun mort n’a été signalé alors que, la veille, au moins 13 civils, dont trois enfants de la même famille, avaient péri dans une attaque combinée russe ayant impliqué 69 missiles et 298 drones, selon Kiev.
Un jour plus tôt, la Russie avait lancé 250 drones et 14 missiles sur son voisin ukrainien.