C’est le premier livre sur ce thème. Avec Dames du Berry, la Castelroussine Francesca Lacour, ancienne conservatrice du patrimoine, publie un ouvrage sur dix « femmes qui ont vraiment eu un impact sur la vie du Berry », explique la petite-fille du sculpteur Ernest Nivet, auquel elle a consacré notamment une biographie. Mais c’est à sa grand-mère maternelle qu’elle dédie son nouveau livre sur les figures féminines berrichonnes. « On parlait beaucoup de mon grand-père artiste mais elle était une femme remarquable. Elle travaillait dans une maison de haute couture dans sa jeunesse. Mais quand elle a épousé mon grand-père, il n’en a plus été question. Elle l’a beaucoup soutenu. »

Cette invisibilisation des femmes explique sans doute qu’avant Dames du Berry et Francesca Lacour, aucun livre n’avait jamais mis à l’honneur ces femmes qui ont marqué l’Indre et le Cher. « Ce qui me désole, c’est que l’on s’intéresse toujours aux mêmes sujets », commente l’auteure. Pourtant, l’éclectisme des portraits de femmes qu’elle signe montre la richesse du panthéon féminin local. De Denise de Déols, héritière d’une grande lignée et héroïne de légende, à la résistante Ginette Virmont-Sochet dont Francesca Lacour a rencontré les enfants à Bourges. En passant par la dompteuse de fauves (et de serpents) Sarah Caryth. Dix portraits de femmes, la moitié de l’Indre, l’autre moitié du Cher. « J’ai voulu des femmes qui soient chacune dans un domaine bien différent, précise Francesca Lacour. Pour ne pas lasser les lecteurs. »

« J’ai voulu des femmes qui soient chacune dans un domaine bien différent »

Elle a poussé cette exigence très loin. L’incontournable George Sand a bien failli ne pas faire partie du recueil. Trop sous le feu des projecteurs, déjà. Francesca Lacour a fini par laisser la plume à son mari Lucien Lacour (1), professeur agrégé de l’université ayant enseigné les lettres et l’histoire des arts, pour qu’il rédige le chapitre sur l’auteure de La Mare au diable. Volontairement, il a quitté le terrain d’une biographie chronologique de la Dame de Nohant pour lui préférer celui d’une réflexion sur la trace qu’elle a laissé en Berry.

Parmi les dix femmes dont elle retrace la destinée hors du commun, Francesca Lacour avoue une prédilection pour Marguerite de France. Non, pas la reine Margot, mais sa tante. Duchesse de Berry et de Savoie, elle fut célébrée par tous les poètes de la Pléiade, de Ronsard à Du Bellay, qu’elle n’a cessé de soutenir. « Elle fut une princesse humaniste, souligne Francesca Latour. Très érudite, très cultivée. Elle a contribué au rayonnement de l’université de Bourges. Une femme passionnante, sur laquelle il n’existait qu’une seule biographie datant de 1902. »

Pour son livre, Francesca Lacour (2) a sélectionné « des femmes qui ont vraiment un impact sur la vie du Berry ». En balayant le spectre chronologique large de ces figures féminines – la plus ancienne est née en 1173 ; la plus récente nous a quittés en 2019 –, un fil conducteur apparaît. « Le livre montre bien l’évolution de la condition féminine, conclut l’auteure. Sous l’ancien régime, les femmes dépendaient beaucoup des hommes. À partir de George Sand, une voie est ouverte vers une certaine indépendance. »

« Dames du Berry », par Francesca Lacour, éditions La Geste, 20 €.

(1) Auteur d’un second chapitre du livre, Lucien Lacour n’a pas souhaité que son nom apparaisse sur la couverture du livre.

(2) Qui sera présente à L’Envolée des livres, samedi 26 et dimanche 27 avril 2025, au premier étage du couvent des Cordeliers, à Châteauroux.