Il y a un an et sept mois, le 20 octobre 2023, la poétesse palestinienne Hiba Abu Nada était tuée par des bombardements israéliens. Dans son poème, Une étoile disait hier, elle avait imaginé pour les habitants de Gaza un abri cosmique, à l’opposé du danger existentiel auquel ils font face − un abri universel, dans lequel ils ne seraient plus, comme depuis des décennies, exclus de l’humanité :
«Et si un jour, Ô Lumière / Toutes les galaxies / De tout l’univers / N’avaient plus de place pour nous / Tu diras : “Entrez dans mon cœur / Vous y serez enfin à l’abri” (1).»
Israël tue sans relâche des Palestiniens et des Palestiniennes, par dizaines, chaque jour. Parmi eux, nos confrères et consœurs : les écrivains et écrivaines de Gaza. Quand Israël ne les tue pas, il les mutile, les déplace, les affame délibérément. Israël a détruit les lieux de l’écriture et de la lecture − bibliothèques, universités, foyers, parcs.
Depuis la rupture par Israël d’un cessez-le-feu qui devait conduire à la fin de la guerre et à la libération des otages, l’attaque sur Gaza a repris avec une brutalité redoublée. Désormais, les déclarations publiques répétées des figures de premier plan comme les ministres israéliens Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir expriment ouvertement des intentions génocidaires. La qualification de «génocide» pour décrire ce qu’il se passe à Gaza ne fait plus débat pour nombre de juristes internationaux et d’organisations de protection des droits humains : la Fédérati