L’Allemagne rejoint l’indignation internationale croissante, alors que les civils palestiniens manquent de tout, que le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’Onu met en garde contre « un nettoyage ethnique » et que le gouvernement israélien a clairement annoncé son objectif de prendre le contrôle de toute la bande de Gaza.
L’armée israélienne poursuit ses opérations militaires dans l’enclave palestinienne et l’aide humanitaire arrive au compte-goutte, dans un territoire ou plus de 90% des maisons sont désormais détruites ou endommagées.
« Je ne comprends franchement pas ce que l’armée israélienne est en train de faire dans la bande de Gaza, et je ne vois pas quel est son objectif en affectant la population civile de la sorte, comme cela a été de plus en plus le cas ces derniers jours » : voilà ce qu’a déclaré Friedrich Merz.
Israël dit avoir visé des terroristes du Hamas lors de la frappe contre une école accueillant des déplacésDawoud Abu Alka/REUTERS
Le chancelier allemand a mis le gouvernement israélien en garde : l’Allemagne ne pourra pas continuer à le soutenir, estimant que l’on ne « peut plus justifier (l’intensification de l’offensive israélienne) par une lutte contre le terrorisme du Hamas ».
Appels à stopper les livraisons d’armes à Israël
Le ministre allemand des Affaires étrangères a toutefois assuré tout à l’heure que Berlin continuera à vendre des armes à Israël.
« En tant que pays qui considère la sécurité et l’existence d’Israël comme un principe fondamental, l’Allemagne est toujours tenue d’aider Israël à garantir sa sécurité », a expliqué Johann Wadephul depuis Madrid, où il rencontrait son homologue espagnol, alors que l’Espagne a appelé l’Union européenne à un embargo sur les livraisons d’armes à Israël.
En Allemagne, un tel embargo n’est pas exclu du côté du SPD, le parti social-démocrate qui gouverne avec les conservateurs de Friedrich Merz.
Friedrich Merz n’avait pas exclu d’accueillir Benjamin Netanyahu en Allemagne, malgré le mandat d’arrêt émis par la CPI contre le Premier ministre israélienMichael Kappeler/dpa/picture-alliance
Plusieurs députés du SPD exigent ainsi l’arrêt des exportations d’armes allemandes vers Israël, car ces armes ne doivent pas servir à « propager des catastrophes humanitaires et violer le droit international », selon les mots d’Adis Ahmetovic, porte-parole du SPD au sein de la Commission des affaires étrangères au Parlement.
La sécurité d’Israël est « raison d’Etat »
Rarement les actions israéliennes ont été critiquées à ce point alors que l’Allemagne est, avec les Etats-Unis, l’un des plus fidèles alliés d’Israël. La sécurité et l’existence de l’Etat hébreu sont une « raison d’Etat » pour Berlin, en raison de la responsabilité historique de l’Allemagne pour les crimes commis à l’époque du national-socialisme.
Malgré la levée du blocus, l’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza restent largement insuffisante.Ali Jadallah/Anadolu/picture alliance
Une « raison d’Etat » toutefois de plus en plus remise en question. Pour Felix Klein, le délégué allemand à la lutte contre l’antisémitisme, si l’Allemagne doit effectivement « s’engager de toutes [ses] forces pour préserver la sécurité d’Israël et des Juifs dans le monde », le pays doit aussi « dire clairement que cela ne justifie pas tout ».
Dans une interview à nos confrères de la FAZ, Felix Klein estime qu’affamer les Palestiniens « ne peut pas non plus être la raison d’Etat allemande » et que critiquer le gouvernement israélien et questionner le respect des droits de l’Homme ne relève pas de l’antisémitisme mais bien de la politique.